Dans les mois à venir, une opération de rénovation urbaine va tenter de « réparer » les Olympiades (1), quartier de tours construit sur dalle dans le 13e arrondissement de Paris et symbole de l'urbanisme des années 1960.
Vue générale des Olympiades - ©Thierry
Cet urbanisme et cette architecture sont aujourd'hui largement décriés. Il n'est pourtant pas question de tout détruire et de tout reconstruire. Ici comme ailleurs, on va simplement chercher à « réparer ». Le « grand projet de rénovation urbaine » (GPRU) consistera à refaire les escaliers, installer des ascenseurs, ajouter quelques équipements publics. La politique de la table rase ne fait plus partie des outils de l'urbanisme.
Dans les années 1960, pourtant, on n'a pas beaucoup hésité à supprimer des quartiers entiers, rues comprises, afin de fabriquer un nouveau morceau de ville. On a cru à ce moment de l'Histoire que les techniques modernes permettaient à l'homme de mettre en place un nouveau modèle de ville, répondant à des règles d'organisation urbaine jamais vues jusqu'alors.
Afin de mieux comprendre l'esprit de cette époque qui a produit le quartier des Olympiades, j'ai voulu remonter aux sources : d'abord les écrits des architectes, mais aussi les témoignages de la presse de l'époque. Quelles étaient les intentions des concepteurs ? Comment a-t-on présenté ces projets lors de leur construction ? Il ne s'agit pas de présenter une étude exhaustive ni de formuler une théorie définitive sur ce qui s'est passé en ces années-là : on proposera seulement quelques sources que l'on consulte rarement, des documents épuisés depuis longtemps, que l'on ne peut trouver pour la plupart que dans quelques bibliothèques parisiennes. Ainsi qu'un numéro mythique de Paris-Match : celui du 1er juillet 1967.
À chacun de lire ces extraits et d'en tirer les leçons qu'il voudra. J'y vois pour ma part l'ambition des architectes et les erreurs de la prospective. Je note aussi dans ces textes une étonnante familiarité entre les discours des architectes qui ont produit les quartiers sur dalle et les argumentaires de leurs successeurs qui, aujourd'hui, en dénoncent les effets : les uns comme les autres invoquent la tradition parisienne et française, les besoins physiques et psychologiques des êtres humains, l'harmonie avec la nature, les espaces verts, les équipements publics. Tous ont voulu, croient, espèrent construire pour le bien de l'humanité.
Sommaire :
* 1 - Raymond Lopez : l'architecte, seul maître à bord
* 2 - Michel Holley, l'architecte des Olympiades
* 3 - Paris-Match, 1er juillet 1967 : le radieux avenir de Paris
* 4 - Quelques liens