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Paris années 60 : lorsque la Charte d'Athènes a failli reconstruire la capitale

Par Thierry (ThBz), le 15/09/2007 à 21:43


Dans les mois à venir, une opération de rénovation urbaine va tenter de « réparer » les Olympiades (1), quartier de tours construit sur dalle dans le 13e arrondissement de Paris et symbole de l'urbanisme des années 1960.

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Vue générale des Olympiades - ©Thierry

Cet urbanisme et cette architecture sont aujourd'hui largement décriés. Il n'est pourtant pas question de tout détruire et de tout reconstruire. Ici comme ailleurs, on va simplement chercher à « réparer ». Le « grand projet de rénovation urbaine » (GPRU) consistera à refaire les escaliers, installer des ascenseurs, ajouter quelques équipements publics. La politique de la table rase ne fait plus partie des outils de l'urbanisme.

Dans les années 1960, pourtant, on n'a pas beaucoup hésité à supprimer des quartiers entiers, rues comprises, afin de fabriquer un nouveau morceau de ville. On a cru à ce moment de l'Histoire que les techniques modernes permettaient à l'homme de mettre en place un nouveau modèle de ville, répondant à des règles d'organisation urbaine jamais vues jusqu'alors.

Afin de mieux comprendre l'esprit de cette époque qui a produit le quartier des Olympiades, j'ai voulu remonter aux sources : d'abord les écrits des architectes, mais aussi les témoignages de la presse de l'époque. Quelles étaient les intentions des concepteurs ? Comment a-t-on présenté ces projets lors de leur construction ? Il ne s'agit pas de présenter une étude exhaustive ni de formuler une théorie définitive sur ce qui s'est passé en ces années-là : on proposera seulement quelques sources que l'on consulte rarement, des documents épuisés depuis longtemps, que l'on ne peut trouver pour la plupart que dans quelques bibliothèques parisiennes. Ainsi qu'un numéro mythique de Paris-Match : celui du 1er juillet 1967.

À chacun de lire ces extraits et d'en tirer les leçons qu'il voudra. J'y vois pour ma part l'ambition des architectes et les erreurs de la prospective. Je note aussi dans ces textes une étonnante familiarité entre les discours des architectes qui ont produit les quartiers sur dalle et les argumentaires de leurs successeurs qui, aujourd'hui, en dénoncent les effets : les uns comme les autres invoquent la tradition parisienne et française, les besoins physiques et psychologiques des êtres humains, l'harmonie avec la nature, les espaces verts, les équipements publics. Tous ont voulu, croient, espèrent construire pour le bien de l'humanité.

Sommaire :

    * 1 - Raymond Lopez : l'architecte, seul maître à bord
    * 2 - Michel Holley, l'architecte des Olympiades
    * 3 - Paris-Match, 1er juillet 1967 : le radieux avenir de Paris
    * 4 - Quelques liens


1 - Raymond Lopez : l'architecte, seul maître à bord

Raymond Lopez (1904-1966) est l'un des personnages qui ont le plus contribué à changer Paris ; il demeure pourtant inconnu du grand public. Depuis le début du siècle on avait identifié dix-sept « îlots insalubres » (dont le plateau Beaubourg) qu'il fallait détruire et reconstruire. Raymond Lopez a dirigé une grande enquête qui, à la fin des années 1950, a rajouté sur cette liste de nombreux îlots « mal construits ». Il fallait, selon lui, transformer la majeure partie des arrondissements extérieurs en quartiers de barres et de tours, relier ces quartiers par des voies express empruntant l'ancienne enceinte des Fermiers Généraux (Pigalle, Nation, place d'Italie, Montparnasse) et tracer à travers Paris, du nord au sud, une autoroute urbaine passant par le boulevard Richard-Lenoir et la place d'Italie. Raymond Lopez, qui avait le soutien des autorités, a lui-même conçu le Front-de-Seine dans le 15e arrondissement, premier quartier de tours de Paris. En dehors de Paris, il a construit le grand ensemble du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie. Il a exposé sa vision urbaine dans L'avenir des villes, publié en 1964.

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L'avenir des villes (1964) (2)

Ce serait une erreur de croire que les architectes des grands ensembles se désintéressaient de la nature et du passé. Ils ont cru au contraire que les solutions qu'ils proposaient étaient les seules capables de concilier modernité, besoin de nature et tradition française.

La littérature architecturale de l'époque, comme celle de Le Corbusier, invoque le respect du lieu. Raymond Lopez commence son livre par une dénonciation des petits propriétaires d'Auvers-sur-Oise qui, en détruisant deux granges et en recouvrant les murs de ciment, ont porté atteinte à l'authenticité et au bon goût de ce village traditionnel marqué par la présence de Van Gogh.

Il invoque aussi la nature elle-même :

    « Si nous faisons fi de la topographie, si nous faisons fi du climat (« On ne peut vaincre la nature, disait Francis Bacon, qu'en lui obéissant »), si nous faisons fi de la composition du sol : humus, sable ou rocher, si nous faisons fi de l'orientation, de l'ensoleillement, de la dominance des vents (les uns bons, les autre néfastes), si nous faisons fi du spectacle de la nature... nous manquons les fondements même de l'œuvre. »

    Et plus loin :

    « Il faut se plier aux lois de la nature, mais ces lois sont encore mal connues. »

Ce respect de la nature est l'une des raisons de l'orientation nord-sud des barres et des tours dans la plupart des quartiers rénovés, ce qui explique la rupture d'alignement avec les rues qui, elles, ne suivent pas les points cardinaux.

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Les Olympiades : des barres orientées nord-sud sans prise en compte de la direction des rues existantes - ©Thierry

Enfin, la référence à l'être humain, leitmotiv de Le Corbusier, est repris par Raymond Lopez : « l'homme reste la mesure de toute création  ». C'est pourtant bien ce qu'on reproche aujourd'hui aux grands ensembles : une inadaptation à l'échelle humaine, une totale incompréhension de la manière dont l'homme appréhende l'espace urbain.

Raymond Lopez décrit plusieurs grands ensembles dont il loue l'agencement et la beauté formelle. Il ne présente toutefois que des photographies aériennes ou des maquettes, sans montrer l'impact de ces grands ensembles sur le paysage urbain pour les habitants, c'est à dire au niveau du sol.

L'apogée de la technocratie : l'État, le « client » et l'architecte

Raymond Lopez s'en prend assez violemment aux clients, qu'il enferme toujours entre des guillemets :

    « Dans le secteur privé, l'esprit des « clients », à de rares exceptions près, est lamentable, et la confiance intégralement accordée à l'architecte pour tout ce qui concerne l'esthétique, extremement rare. »

Le secteur public a sa préférence, en particulier l'État qui est, en ces temps gaulliens, fort et interventionniste :

    « Pour ce qui est de l'État et des collectivités publiques, l'ostracisme à l'égard de l'architecture contemporaine et des novations techniques qu'elle comporte est infiniment moindre et leur esprit infiniment plus ouvert qu'il ne l'est dans le monde des affaires privées que nous venons d'évoquer avec beaucoup de mansuétude.  »

Il revendique pour l'architecte un pouvoir presque illimité sur les projets dont il s'occupe. Certes, certaines réglementations sont légitimes sur les questions d'hygiène et de sécurité. En revanche, « la contrainte esthétique relève, elle, de la loufoquerie », car elle n'a pas empêché « l'horreur architecturale » qui règne depuis le début du 20e siècle. Il décrit finalement, dans une longue plaidoirie, le rôle de l'architecte, auquel il avait d'ailleurs consacré un livre dès 1949 (3). Il accepte le contrôle du Conseil supérieur de l'Architecture, composé d'architectes ouverts aux idées nouvelles, mais :

    « Hors cet examen, qui porte plus sur les masses que sur les détails, liberté totale est réclamée de tous, y compris du « client » qui, arrivant chez le médecin, lui doit expliquer ce qu'il ressent, cela est son affaire : les symptômes, mais non ce qu'il a, cela c'est l'affaire du médecin : le diagnostic et encore moins ce qui doit lui être prescrit, c'est encore l'affaire du médecin et du médecin seul : la formulation, l'intervention ;

    Du « client » qui, vis-à-vis de l'architecte, sait tout... sauf ce qu'il veut, et discute technique et esthétique, matériaux et façades, tout en étant incapable de formuler le programme de ses besoins ;

    Du « client » qui, en de nombreux cas, ne sait faire confiance... ni rompre, ce qui est pourtant la seule manière de commander, ou tout au moins de se montrer le chef ;

    Du « client » que rien n'a préparé à une collaboration avec son architecte, parce que, neuf fois sur dix, il ignore tout de cet homme et de sa profession, de ses origines, de son rôle, voire de sa nécessité : tout ce qui peut et doit être, à l'architecte, demandé impérativement, mais aussi tout ce qui doit être laissé à son initiative, totalement ;... »

Un homme nouveau dans une ville nouvelle

En 1964, les problèmes des grands ensembles ne sont pourtant pas un nouveauté. La revue L'architecture aujourd'hui les a remis en cause dès 1959. En 1961, une campagne de presse a mis en cause la « sarcellite » qui touche les banlieues ; le Figaro a évoqué un « univers concentrationnaire ». Raymond Lopez en est conscient. Il note que le problème de ces grands ensembles est l'absence d'équipements. Il préconise dans la revue Urbanisme aujourd'hui une mixité des fonctions en des termes que pourrait reprendre n'importe quel urbaniste d'aujourd'hui :

    «  Le caractère fondamental du tissu parisien, caractère qui en crée la richesse de spectacle et de contacts humains, est une constante coexistence de l'habitat et des activités. [...] Indispensable à donner à tout quartier rénové de la capitale, ce caractère impose donc, dans le cas présent, cette coexistence par superposition de l’habitat et des activités commerciales et tertiaires, éléments dont la réunion peut seule créer non un simple ensemble résidentiel, mais bien un véritable quartier de capitale » (4)

Mais il propose aussi une solution plus originale au problème des cités nouvelles. Dans L'avenir des villes, après avoir décrit la cité « sans âme » de Mourenx, près de Lacq, à laquelle ne manquent pourtant ni le confort, ni les commerces, les équipements publics, il s'interroge :

    « L'homme peut-il vivre sans se transformer profondément dans le cadre que lui impose l'urbanisme fonctionnel actuel ? »

Et il conclut son ouvrage en expliquant que l'homme doit s'adapter à la ville moderne :

    « La ville est un phénomène biologique qui ne peut être ni abandonné aux forces de la nature, comme on l'a trop souvent fait, ni contraint comme on a essayé de le faire. Mais la ville est surtout un phénomène humain. La difficulté est de trouver une équation qui tienne compte de toutes les données. Si la cité future doit être le fait d'une totale mutation, celle-ci ne pourra finalement se réaliser pleinement et sans danger que si l'homme fait aussi sa mutation. C'est l'habitant des villes qui doit devenir un autre ; il doit s'adapter à un nouveau rythme vital et à de nouvelles fonctions. On ne peut pas aller contre l'urbanisation, quelles que soient les formes prises par celle-ci, on ne peut que la canaliser. La ville monolithique n'est pas une solution idéale, l'homme y dépérit ; la ville tentaculaire est un monstre qui l'étouffe. Et pourtant, de plus en plus, il faudra qu'il vive dans un paysage de murs et de rues. (...) »

2 - Michel Holley, l'architecte des Olympiades

Michel Holley, collaborateur et successeur de Raymond Lopez, est l'autre grand nom de la rénovation urbaine à Paris. Il a dirigé la réalisation partielle du projet Italie 13, qui devait transformer une grande partie du 13e arrondissement, de la place d'Italie aux boulevards des Maréchaux et de la Butte-aux-Cailles à la rue Nationale. Trente-cinq tours sont sorties de terre, réparties sur l'ensemble de la zone, parfois au contact immédiat d'immeubles traditionnels. L'ensemble le plus abouti est celui des Olympiades, même s'il n'a pas été mené à son terme : il manque deux tours sur la partie haute de la dalle, qui demeure depuis trente ans à l'état de terrain vague.

L'espace parisien (1961) : le problème de la hauteur (5)

Michel Holley écrit dans un style plus élégant et plus moderne que Raymond Lopez, mais son analyse est proche de celle de son maître. Il place sa réflexion dans le cadre de l'histoire de Paris prise dans son ensemble : « La cuvette primitive, premier abri des Parisiensis entre le mont Martre, le Panthéon, les Invalides, forme un triangle sacré où nulle marque du présent n'est tolérable (...) et qui est bien assez grand pour faire les réserves historiques nécessaires ». Attention à la fin de la phrase : on conserve le cœur historique de Paris, mais on n'a pas besoin de garder quoi que ce soit d'autre. Et en effet :

    « C'est au-delà et autour qu'une nécessaire liberté laissera se dresser les élans d'une vitalité trop longtemps refrénée, contemplant et bordant ce site privilégié. Tout en conservant le caractère de grande densité et celui d'ensemble voulu, donné par l'unité de hauteur, transposée dans ses proportions par une nouvelle organisation ; ce qu'il faut en conserver, c'est la charpente des axes les uns par rapport aux autres.

    L'essentiel, je crois, de l'espace parisien, est son horizontalité, ou plutôt ses horizontales perceptibles de partout, unité qui reconstitue d'une façon très évidente le niveau sol à 30 mètres plus haut, épousant le site, laissant juste assez de grandes percées larges pour rappeler son parallélisme au sol, juste assez de clochers pour l'orienter. »

Suit une analyse que les architectes reprennent couramment aujourd'hui, même si le grand public en est souvent peu conscient : la densité très élevée du centre de Paris, jointe à une faible hauteur des bâtiments, entraîne un entassement des logements dans des conditions de vie peu agréables ; la solution est de monter plus haut : « Le choix à faire est entre 12, 10, 8 niveaux sur 30 % de la surface mais créant un horizon bouché par des murs continus, et 10 % de la surface au sol en 20, 30 niveaux, laissant passer la vue et libérant le sol pour l'équipement public. »

L'originalité de Holley est l'idée de « plafonds communs à l'échelle des nouveaux quartiers ». De même que, dans le Paris ancien, les immeubles sont unifiés par une hauteur constante (environ 30 mètres), dans le Paris nouveau un plafond commun doit être défini. Ce plafond ne sera plus à 30 mètres, mais, selon l'emplacement, il pourra approcher des 100 mètres. Ainsi en décrivant la cuvette parisienne :

    « Bien des ensembles peuvent marquer de nouveaux sites et faire ainsi percevoir que notre parisien est plus vaste.

    Un facteur important est l'échelle de cette cuvette ; entre la Seine et Montmartre, les Buttes-Chaumont, les collines du Sud, il y a environ 100 mètres de hauteur, il semble qu'une cote légèrement inférieure doit être imposée aux ensembles d'immeubles pour ne pas détruire le site et cette impression de reposer au creux de la main que l'on ressent au cœur de Paris... »

La réalisation majeure de Holley semble contredire ces intentions : les tours du 13e, dont la hauteur excède légèrement les 100 mètres, sont construites non pas dans le bas de la cuvette, mais sur l'un des points les plus élevés de la rive gauche. Ils dépassent donc le niveau des « collines du sud » et dominent la ligne d'horizon parisienne lorsqu'on la contemple du sommet du centre Pompidou ou depuis le Sacré-Cœur. Il en est de même des tours du 20e arrondissement. Seul le projet du Front-de-Seine, construit au bord du fleuve et loin du périmètre sacré, respecte vraiment ce programme.

Enfin, l'absence de grande hauteur dans le « périmètre sacré » ne signifie pas qu'on laissera le centre de Paris en l'état. Il présente ainsi en annexe un plan de rénovation du secteur Halles-Beaubourg, exercice obligé de tous les architectes parisiens du XXe siècle. Dans cette proposition, il remplace les quartiers qui longent le boulevard de Sébastopol par des barres orientées nord-sud et quelques tours qui semblent avoir été calculées pour ne pas dépasser la tour Saint-Jacques :

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Proposition pour le quartier Sébastopol (M. Holley)

Le zoning vertical

Michel Holley, comme son maître Raymond Lopez, critique certains aspects des grands ensembles. Il met en cause le « zoning horizontal », qui consiste à séparer les fonctions distinguées par la tradition corbuséenne (habiter, travailler, se recréer, circuler) (6). Holley réinterprète le fonctionnalisme en proposant un « zoning vertical ». Les fonctions doivent être superposées verticalement : voies de circulation automobile en sous-sol, commerces et zones de travail en surface, logements en hauteur. Il réalisera ce programme à la lettre aux Olympiades : les rues traditionnelles, rue du Javelot et rue du Disque, sont enterrées sous la dalle. Celle-ci supporte deux centres commerciaux, encadrés par huit tours de 30 étages et trois grandes barres. Une gare de marchandises, autrefois à l'air libre, a même été glissée sous les voies de circulation.

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Zoning vertical : schéma (M. Holley)

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Application du zoning vertical aux Olympiades - ©Thierry

L'immeuble de grande hauteur dans la ville (1971) (7)

Pour Michel Holley, qui en a construit plusieurs dizaines, l'immeuble de grande hauteur (IGH) devient une construction banale et industrialisée. Il a mis au point et breveté pour les Olympiades des procédés de construction en série. Il commente ainsi sa conception de l'IGH dans un article de 1971 :

    « Les tours ne sont plus maintenant des monuments exceptionnels, mais des objets de production courante, bientôt de série, et c’est plus particulièrement celles-ci qui vont créer le nouveau cadre urbain. Elles ne sont déjà plus « tour de force » d’ingénieurs, d’architectes, ou d’entreprises dont les techniques et les prix sont hors marché, mais objets de concurrence à des prix de série. C’est un peu à ce mythe qu’il faut s’attaquer, et s’il reste des bâtiments exceptionnels, ce seront ceux au-dessus de ce que j’appellerai I.G.H. de grandeur conforme : 100 m de haut.

    Dans la centaine de tours qui seront construites dans la région parisienne d’ici 10 ans, 100 000 personnes vivront et travailleront. »

Raymond Lopez écrit au contraire dans L'avenir des villes : « On ne peut édifier une maison en « oubliant » ceux qui vont y vivre. Chaque immeuble peut être personnalisé. » Dans le Front-de-Seine, en effet, les tours sont toutes construites dans des styles différents, même si une hauteur identique et une base très resserrée leur donne un certain air de famille.

3 - Paris-Match, 1er juillet 1967 : le radieux avenir de Paris

Paris-Match, 1er juillet 1967 (8)

En 1967, Paris-Match, dans un numéro à sensation, « révèle » au grand public les projets, jusque-là dissimulés comme des « secrets d'État », qui vont changer la face de Paris dans les années à venir. Le « reportage dans le futur » est résolument optimiste. Paris-Match accumule dans un même document tous les projets envisagés, sans vraiment distinguer ceux dont la construction est entamée de ceux qui constituent de simples propositions d'architectes. Le résultat est étourdissant. Il faut dire que le magazine y a mis les moyens : le dessinateur, en partant des maquettes et des plans des architectes, ainsi que de vues aériennes du Paris de l'époque, a réalisé un travail superbe. Vous pouvez cliquer sur certaines images pour les voir en pleine taille.

La couverture montre la Défense, à peu près comme elle a été réalisée. Avec en prime un grand héliport du côté du cimetière.

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La Seine : en haut une représentation assez réaliste du quartier du Front-de-Seine, agrémentée d'un hélicoptère ; en bas le quartier de Bercy rempli de tours et au fond le 13e arrondissement, de part et d'autre d'une rue de Tolbiac. Celle-ci est une autoroute qui traverse toute la rive gauche de Paris jusqu'au Front-de-Seine.

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(Grand format : http://thbz.org/textes/olympiades-pss/match-seine.jpg )

Le ministère de l'Education nationale est un superbe gratte-ciel, construit à l'emplacement de la prison de la Santé. On aperçoit au loin Montmartre et, dans les airs, l'inévitable hélicoptère.

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(Grand format : http://thbz.org/textes/olympiades-pss/m … istere.jpg )

Le centre de Paris lui-même est concerné, comme chez Holley. Un projet unique a procédé à la rénovation des Halles et du plateau Beaubourg. À gauche, la rue de Rivoli est préservée. De la rue du Louvre (en haut) jusqu'à la rue Beaubourg (en bas), entre l'église Saint-Eustache et l'église Saint-Merri, un vaste ensemble de barres et d'immeubles en gradins, sous lesquels se faufile le boulevard de Sébastopol, remplace le tissu urbain existant.

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(Grand format : http://thbz.org/textes/olympiades-pss/match-halles.jpg )

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Le plan de Paris est bouleversé par l'établissement de nombreuses autoroutes et voies express. Ici le quart sud-est et le 13e arrondissement. On reconnaît la grande liaison autoroutière Richard-Lenoir - place d'Italie - avenue d'Italie, ainsi qu'une multitude de voies express de différents niveaux (en bleu).

4 - Quelques liens

--> Le dossier de la Ville de Paris sur le GPRU : http://www.paris.fr/portail/accueil/Por … et_id=1666

--> Jacques Lucan, Généalogies du regard sur Paris (ce site a des problèmes avec les caractères accentués : sélectionnez l'encodage ISO-8859-1 ou Western European dans votre navigateur) : http://www.culture2000.tee.gr/paris/textes/apur0.htm
   
--> Un site qui parle plus en détail du numéro de Paris-Match du 1er juillet 1967, à voir pour d'autres scans des projets relatifs à la Défense : http://www.vision80ch13.org/LaDefense_Paris.asp

--> L'article Italie XIII sur Wikipédia et le thread sur ce quartier dans le forum de PSS : http://fr.wikipedia.org/wiki/Italie_XIII -- https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic.php?id=5658

Les photographies et les scans de Paris-Match pour cet article ont été réalisés par moi-même.

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NOTES de l'article (en gras et entre parenthèses dans le texte) :

(1) Terme employé dans un dossier des opérations en cours sur paris.fr.

(2) Raymond Lopez, L'Avenir des villes (Robert Laffont, 1964), 136 p.

(3) Raymond Lopez, Le Rôle social de l'architecte, 1949.

(4) Raymond Lopez, « Front de Seine I  », tiré à part édité par la revue Urbanisme, n° 81, s.d. Cité dans le dossier de paris.fr (voir la section « Quelques liens »).

(5) Michel Holley, L'Espace parisien (Centre de documentation et d'urbanisme de la ville de Paris, 1961), 16 p.

(6) Le Corbusier, La Charte d'Athènes, 1941.

(7) Michel Holley, L’Immeuble de grande hauteur dans la ville (brochure), supplément au n° 281 des Annales de l’Institut technique du bâtiment et des travaux publics, mai 1971, p. 3. Les citations proviennent du dossier de Paris.fr (voir la section « Quelques liens »).

(8) Paris-Match, n° 951, 1er juillet 1967. Exemplaire personnel.

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Pour discuter de cet article :
--> https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 16#p128016

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