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Le concept de mégalopole

#1 05-01-2005 16:24:51

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Le concept de mégalopole

Conférence du 12 avril 2000, cnam
université de tous les savoirs

Texte du conférencier

La mégapolisation : le défi de la ville monde.
Par Jérôme Monnet

Ce texte est la propriété de l'Université de tous les savoirs, son utilisation est personnelle. Toute utilisation frauduleuse, notamment à des fins lucratives, sera poursuivie.

A propos des mots qui nous servent à agir sur le monde

Que signifie la mégapolisation ? Comment ce néologisme est-il justifié, pour décrire un phénomène qui nous apparaît comme nouveau ? Le terme indique que nous essayons de saisir un processus, et non une situation ; il s'agit de comprendre des dynamiques qui concernent l'ensemble de la planète et transforment en mégapoles des espaces qui jusqu'alors n'étaient pas conçus et gérés comme tels. Nous essayerons ici de rendre compte de ce processus et de sa nouveauté, donc des défis qu'il représente :

- questions auxquelles nous ne connaissons pas encore de réponses (jusqu'où va aller le phénomène de mégapolisation ?) ;
- problèmes que nous devons résoudre (qu'est-ce que change la mégapolisation à nos tâches d'acteurs géographiques, pour les individus comme pour les collectivités ?) ;
- interrogations sur la signification du processus (quelles sont les valeurs que nous pouvons ou devons y attacher ?).

Il faut commencer par réfléchir aux termes et à leurs usages. Parmi les chercheurs, s'il n'y a pas facilement de consensus sur le sens à accorder aux termes, c'est parce qu'il y a des divergences sur l'interprétation des phénomènes. Ces divergences sont légitimes, car les objets étudiés par les sciences humaines et sociales sont les sociétés, les individus et leurs productions, au rang desquelles les géographes rangent les territoires. Or, les représentations sociales de ces réalités sont constitutives de celles-ci ; les conceptions que les êtres humains se font de leurs territoires sont de puissants instruments de concrétisation de ces derniers. En analysant l'espace, le territoire, la ville ou la mégapole, les interprétations scientifiques portent sur des réalités fluides et floues dont le chercheur est partie prenante : en théorie, formuler une nouvelle conceptualisation d'une réalité influe sur cette réalité. C'est pourquoi les débats sur la pertinence des termes ont autant d'importance, car les notions forgées comme instruments d'analyse deviennent aussitôt des outils de l'action.

Après avoir présenté une interprétation du phénomène de la mégapolisation, nous nous attacherons à l'identification de quelques défis dans le cadre qu'elle constitue désormais pour nos représentations et nos actions.

De la Mégalopolis aux mégapoles : vers la banalisation

"Megalopolis" a été conceptualisé il y a quarante ans (en 1961) par le géographe Jean Gottmann, pour désigner l'ensemble urbain formé à partir de plusieurs pôles sur la côte Nord-Est des États-Unis. Il a donné une acception contemporaine à un toponyme qu'il a puisé dans l'histoire de la Grèce antique : Megalopolis ("la grande cité") fut le nom donné en 370 avant J.C. à une ville nouvelle créée par une alliance de cités du Péloponnèse pour en faire leur capitale. Aux lendemains de la seconde Guerre mondiale, Gottmann a voulu reprendre ce nom propre pour désigner une entité urbaine d'un nouveau genre : son gigantisme inédit dans l'histoire (24 millions d'habitants dès 1950, 600 kilomètres de Washington à Boston) et sa "structure nébuleuse" (un chapelet de six grandes métropoles aux fortes densités de population et d'activité, un réseau de villes intermédiaires, une nappe d'espaces périurbains et "rurbains") ont été analysés comme une rupture avec le schéma classique de l'urbanisation. La référence à l'antique fondation urbaine née d'une alliance était justifiée à la fois par le caractère polycentrique de la Megalopolis et par l'hypothèse qu'elle exigeait une nouvelle échelle de gestion de l'espace et, en conséquence, un nouveau projet de société et de civilisation.

Ce terme a eu un succès rare. Chez les spécialistes, il a cessé d'être simplement le nom propre d'un ensemble urbain unique, pour devenir aussi un concept décrivant un type d'urbanisation repéré dans au moins deux autres parties de la planète [réf 1], sur la côte Sud-Est du Japon (l'axe Tokyo-Nagasaki) et en Europe occidentale (l'axe Liverpool-Milan). En français, on réserve généralement le terme originel à ces nébuleuses de très grandes villes et d'interstices densément quadrillés et intensément utilisés : on parle ainsi des Mégalopolis états-unienne, japonaise et européenne.

Mais le terme s'est répandu bien au-delà de cet usage strict. L'anglo-grec "megalopolis" est devenu à la fin du 20ème siècle un nom commun pour designer n'importe quelle ville, pourvu qu'elle ait un caractère exceptionnel en raison de sa taille et, souvent, de l'intensité des sentiments que celle-ci suscite. Généralement, ce sont les sentiments les plus négatifs qui sont exprimés : pour reprendre l'expression de l'artiste Alan Koeniger [réf 2], la mégalopolis est "froide, sombre et oppressante" et désoriente ses habitants.

Nombreux sont les artistes qui se sont emparés du pouvoir évocateur du terme dans leurs ½uvres, qui à leur tour structurent et enrichissent l'imaginaire social, comme les chanteurs Francis Lalanne (dans la comédie musicale "Megalopolis" adaptée d'Herbert Pagani [réf 3]) et Louis Chedid ("Mega-Megalopolis. Cité-dortoir, cité poubelle, nuit et brouillard, lumières artificielles, dans nos intérieurs d'infinie solitude, on rêve d'ailleurs sous d'autres latitudes"). En 1982, le groupe de rock "The Clash" commence une chanson par : "Affamé dans la mégalopolis, accro à la mégalopolis, drogué de métropolis…" [réf 4]. Après que Zola ou Dickens ont fait ½uvre de la métropole industrielle européenne du 19ème siècle, dès 1906, H.G. Wells analysait le "Futur de l'Amérique" en extrapolant à partir de New York "une sorte de gigantesque caricature du monde existant, tout étant enflé dans d'immenses proportions et énorme au delà de toute mesure" [réf 5].

Dans les jeux vidéos, les dessins animés et les mangas, Tokyo est devenue l'archétype d'une ville géante déshumanisée, parfois incarnée par un monstre menaçant qui sommeille dans son sous-sol (cf. la série "Doomed Megalopolis / Tokyo - The Last Megalopolis"). La bande dessinée n'est pas en reste de représentations, souvent ambivalentes, de la grandeur et/ou de la misère des villes-mondes [réf 6]. Au cinéma, la ville industrielle européenne décrite en 1927 dans Metropolis de Fritz Lang a été relayée par Los Angeles (cf. Blade Runner, de Ridley Scott, 1982) [réf 7], qui sert de support à des visions apocalyptiques de la mégalopolis du futur dont on retrouve l'évocation même en carte postale [figure 1].

On peut considérer qu'au sens commun, "mégalopolis" a remplacé "métropolis" dans les représentations urbaines qui font la part belle au caractère extraordinaire, sinon terrifiant, d'entités urbaines considérées comme nouvelles. Parfois, en particulier dans les médias et sans qu'y soit toujours attaché un sens négatif, megalopolis désigne même aujourd'hui n'importe quelle grande ville ou conurbation de plusieurs villes quelle qu'en soit la taille. Un site web parle ainsi de la "Bayonne-San Sebastian Megalopolis [réf 8]" pour en faire la promotion touristique !

Le même processus de banalisation se retrouve en français sous deux formes, "mégalopole" et "mégapole", qui se succèdent parfois indifféremment dans un même texte. La Commission générale de terminologie et de néologie n'a pas tranché entre les deux termes en traduisant "megalopolis" (définie simplement comme "très grande agglomération, comportant plusieurs millions d'habitants" [réf 9]). Cependant, la plupart des spécialistes des questions urbaines utilisent en français le terme "mégapole". L'avantage est double : d'une part, le terme est un plus simple (ce qui aide à construire le néologisme "mégapolisation") ; d'autre part, il se différencie mieux de "Mégalopolis", que l'on réservera aux grands amas urbains identifiés aux États-Unis, au Japon et en Europe. C'est cette distinction qui permet de dire que chacune des trois Mégalopolis est polarisée par deux ou trois mégapoles (Londres-Paris-Ruhr en Europe ; Tokyo et Osaka au Japon ; Boston-New York-Philadelphie aux États-Unis).

Les mégapoles : des poids lourds dans toutes les catégories ?

Que désigne donc le terme "mégapole" aujourd'hui, quand on l'utilise avec un minimum de rigueur ? Toutes les interprétations convergent pour considérer que les mégapoles constituent la catégorie des "poids lourds" dans la hiérarchie des villes. Les analyses divergent pour mesurer ce poids : certains préfèrent mesurer l'importance économique, d'autres s'attachent au volume démographique. Nous commencerons par distinguer les deux systèmes de mesure, pour voir finalement de quelle façon ils se complètent pour qualifier les espaces urbains.

Les concentrations de plusieurs millions de personnes

La hiérarchie du nombre d'habitants agglomérés est la plus utilisée, parce que c'est celle qui utilise la méthode la plus simple, la plus fiable et la plus stable dans le temps : le décompte des individus. Dans ce cas, le principal problème est de justifier comment sont comptabilisés des individus comme habitants d'un seul ensemble ; ce problème n'est pas aussi simple qu'il paraît, car chaque manière d'agglomérer les habitants correspond à une conception différente de ce qu'est une ville :
- Les individus sont généralement recensés comme "habitants", c'est-à-dire à leur lieu de résidence. Or, habiter une ville, ce n'est pas simplement résider en un lieu, mais aussi parcourir et utiliser une multitude d'autres lieux pour travailler, accéder à des services et se divertir ; le recensement des habitants agglomère des lieux de résidence et rend difficilement compte des autres pratiques de l'espace. Nous appellerons cela l'agglomération résidentielle.
- On peut recenser autrement les zones de déplacements quotidiens (domicile-travail-services), les bassins d'emploi et les aires de chalandise ou d'influence des commerces et des services, pour saisir la ville en fonctionnement. Désignons-la comme une entité fonctionnelle.
- Il reste courant (et utile) de compter comme habitants d'une même ville tous les habitants d'une même aire administrative, en raison du fait qu'ils sont les administrés (et, le cas échéant, les électeurs) d'une autorité commune, quelles que soient les autres caractéristiques de l'espace où ils résident. Nous parlerons alors de l'entité politique.

Le manque de précision sur l'objet dont on parle ou sur la mesure que l'on utilise amène souvent à des contre-sens, comme celui que Federico Mayor, l'ancien directeur de l'UNESCO, peut faire commettre lorsqu'il dit que Mexico perd des habitants [réf 10] (ce qui est faux) pour signaler que la croissance des mégapoles se ralentit (ce qui est vrai). Dans les villes du monde entier, les centres perdent des habitants au profit des périphéries (par le jeu de la concurrence entre activités et résidence, essentiellement pour des raisons de coûts fonciers, secondairement à cause des nuisances) ; cela conduit fréquemment à une stagnation ou à une diminution démographique de l'entité politique centrale d'une agglomération, dont la population globale continue d'augmenter par ailleurs [figure 2]. A Mexico, l'entité politique centrale (appelée District Fédéral ou Ville de Mexico) n'abrite plus aujourd'hui que 45 % de la population de l'agglomération résidentielle et fonctionnelle, alors qu'elle en abritait presque la totalité il y a quarante ans. A Moscou, dont la population stagne, la même redistribution interne est à l'½uvre.

Pour éviter des confusions, certains efforts d'harmonisation des mesures ont été réalisés par des institutions scientifiques et des chercheurs [réf 11]. Le nombre d'habitants agglomérés (dans un espace où les densités de bâtiments sont supérieures à des seuils précis) est devenu l'indicateur le plus couramment utilisé pour comparer les réalités urbaines de la planète, par l'intermédiaire du concept d'agglomération. Si nous nous fondons sur cette mesure pour interpréter les phénomènes, c'est parce qu'il existe un postulat généralement partagé et souvent démontré qu'il existe une correspondance entre l'agglomération résidentielle et l'entité fonctionnelle (qui fournit d'ailleurs les avantages des "économies d'agglomération" repérées par les économistes). Ces deux dimensions organisent l'espace urbain corrélativement l'une à l'autre, dans un processus de transformation permanente qui doit jouer avec l'inertie différente des territoires politico-administratifs. Par exemple, l'agglomération parisienne n'est pas réductible à la commune de Paris, dont les dimensions ont été fixées à la fin du 18ème siècle et qui est concurrencée aujourd'hui, pour représenter l'ensemble urbain contemporain, par la région Île-de France, créée au 20ème siècle dans les limites d'une province du 16ème siècle.

Le nombre d'habitants d'une agglomération n'est donc qu'une entrée privilégiée pour saisir les phénomènes urbains contemporains, qui font éclater les cadres habituels, administratifs ou morphologiques, de l'analyse. Cela est particulièrement vrai dans les mégapoles. L'usage actuel est d'utiliser ce terme pour les agglomérations dépassant le seuil des 8 millions d'habitants, que l'ONU qualifie en anglais de "Megacities" et qui seraient au nombre de 25 sur la planète en l'an 2000 [figure 3]. Il ne faut pas naturaliser ce seuil, qui ne correspond qu'à une commodité pour nos présentations, afin de réduire le nombre d'exemples dont nous voulons traiter pour rendre compte d'un phénomène plus diffus. En effet, ce n'est pas à cause de leur différence de taille que les problèmes de Bangkok et Pékin, qui frôlent aujourd'hui les 8 millions d'habitants, se distinguent de ceux de Téhéran, avec ses 8,2 millions de citadins ou de ceux de Chicago ! Cela est vrai pour toutes les villes : les classifications par le nombre d'habitants ne prennent sens qu'à la lumière d'autres informations, et les seuils ne servent généralement qu'à différencier artificiellement des sous-ensembles dans un ensemble caractérisé par son continuum [figure 4].

En outre, la prudence commande de ne pas accorder trop d'importance à ces seuils et à ces classifications car, d'une part, les données ne sont pas parfaitement fiables et comparables (d'une ville à l'autre, et d'une source à l'autre) et, d'autre part, les positions changent tout le temps (les dynamiques sont différenciées d'une ville à l'autre, et fluctuantes dans une même ville). Ici, j'ai choisi d'utiliser la base de données GEOPOLIS [réf 12], parce qu'elle a harmonisé des informations statistiques sur l'ensemble du 20ème siècle et de la planète. Mais cette liste des 25 plus grandes agglomérations mondiales (ce que nous appellerons ici les mégapoles) n'est pas exactement la même, en ordre et en contenu, que celle qui peut être dressée à partir d'autres sources [figure 5].

Les centres de production et de décision

Avec une approche économique de l'importance des villes, certaines analyses tendent à distinguer entre les grandes concentrations de population et les grands pôles mondiaux d'organisation de l'économie : les mégapoles (entendues comme agglomérations démographiques) peuvent ainsi être opposées aux "villes globales", "métropoles" ou "mégavilles" entendues comme des lieux de décision et de concentration de richesses et de compétences [réf 13]. Il faut préciser que la ville globale dont parle Saskia Sassen désigne une ville virtuelle, qui englobe le monde entier en s'appuyant sur un petit nombre de sites (New York, Londres et Tokyo) où sont concentrés les décideurs et les experts de l'économie globale. Ce genre d'analyse invite à mesurer la participation de chaque site à la "ville globale" (qui devient ainsi la métaphore spatiale de "l'économie mondialisée") en fonction de l'importance de certains secteurs ayant un fort degré de dépendance et d'interconnexion avec les réseaux de circulation de l'information financière, médiatique, scientifique et technologique. Dans cette perspective, certaines études cherchent à mesurer jusqu'à quel point différentes villes ont un statut "global" en fonction de leur participation à l'économie globale. Or, nombreuses sont les mégapoles qui semblent ne participer que secondairement ou marginalement à la ville globale. Du coup, certains ne résistent pas à la tentation d'en faire des parasites, dont la croissance démographique serait contraire à toute logique économique [réf 14].

A l'inverse, dans son analyse des "mégavilles" (les superpuissances économiques urbaines), l'économiste Rémy Prud'homme a voulu démontrer que "le gros est souvent beau" [réf 15], à l'encontre de l'idéologie du "small is beautiful" et contrairement au préjugé que le gigantisme est contre-productif. Cette étude montre l'importance, en valeur, de la production de 26 grandes agglomérations qui, toutes ensemble, produisent quatre fois plus que le Royaume-Uni ou quinze fois plus que l'Inde [figure 6]. La productivité des mégapoles peut être approchée en comparant leur production par habitant à celle de leur pays : elle est systématiquement plus élevée (d'un tiers en moyenne), quelque soit le niveau de développement du pays [figure 7]. Cette surproduction à elle seule peut suffire à expliquer que des entrepreneurs trouvent un intérêt à créer des entreprises dans les grandes agglomérations, où la productivité est meilleure dans un marché d'emploi, d'approvisionnement et de consommation plus vaste, dont il reste logique que davantage de travailleurs cherchent à bénéficier (immigration, en particulier de populations jeunes qui nourrissent la croissance démographique).

Quand on compare les taux de croissance démographique et les ratios de surproduction des grandes agglomérations [figure 8], on observe que les mégapoles des trois grandes Mégalopolis, situées dans des zones riches et âgées, présentent les mêmes particularités : stagnation ou faible croissance démographique, couplée à des ratios de surproduction faibles ou modérés par rapport au pays. On peut en déduire que dans les conditions actuelles, ces mégapoles ne connaîtront pas une grande expansion. A l'inverse, il semble probable que les mégapoles de l'ouest des États-Unis, d'Amérique latine et d'Asie (hors Japon) vont continuer à se développer, mais il apparaît cependant deux situations distinctes. A Hong Kong, Singapour, Séoul et Los Angeles, alors que la croissance démographique est comprise entre 1,5 et 2 % par an, les ratios de production sont égaux à ceux du pays : ce qui est normal pour les deux premières, qui sont des villes-états, voire pour la troisième (Séoul abrite plus de 40 % de la population nationale), semble plus étonnant pour Los Angeles, qui se distingue ainsi des autres villes des États-Unis. Les autres mégapoles ont également une croissance démographique forte (supérieure à 1 % par an), mais présentent surtout un ratio de surproduction élevé (généralement double au ratio national) qui souligne leur supériorité productive sur leur pays et soutiendra probablement leur attractivité migratoire et économique.

Il n'y a donc pas lieu d'opposer les mégapoles, qui seraient des parasites ou des développements démographiques monstrueux sans rapport avec les logiques économiques ou géographiques, avec des métropoles qui, elles, détiendraient une puissance de décision économique ou d'organisation de leur espace. Ce n'est évidemment pas par hasard, mais bien parce que ce sont des pôles majeurs d'organisation de l'espace géographique et des sociétés humaines, que les 7 "mégavilles" les plus productives de la planète [réf 16] se trouvent parmi les 22 mégapoles les plus peuplées, et que 9 de celles-ci ont une production par habitant supérieure de 50 % (et plus) à celle de leur pays [réf 17].

Les centres du Monde : histoires d'exceptions

Dans la perspective de rendre compte du phénomène de mégapolisation, le contenu exact de la liste des mégapoles et les seuils précis établis entre les catégories de villes importent peu. En fait, toutes les classifications rendent compte, dans les mêmes grandeurs d'ordre, de la généralisation, sur la planète, de la forme urbaine de la mégapole, qu'elle soit saisie comme une agglomération d'êtres humains et de bâtiments ou comme un centre économique. Ce n'est pas la mégapole, comme catégorie de ville, qui est nouvelle, mais la mégapolisation qui est le phénomène marquant de la deuxième moitié du 20ème siècle et probablement de la première moitié du siècle à venir. Des mégapoles, l'histoire humaine en déjà connu beaucoup : de Babylone à Bagdad, de Chang'An à Pékin, de Kyoto à Tokyo, de Teotihuacan à Mexico, il existe de nombreuses filiations mégapolitaines de part le Monde depuis plus de 30 siècles ; certaines ont polarisé un vaste espace pendant parfois plus de 1000 ans.

La mégapole est une vieille connaissance : dès 1750 avant J.C., Babylone (la porte du -ou des- dieu[x]) est décrite comme le centre du monde et célébrée jusqu'à son déclin comme une entité d'un ordre différent, supérieure au reste du monde et aux autres cités et nations [réf 18]. La Bible l'a sauvée de l'oubli pour longtemps, en l'inscrivant dans notre mémoire comme un repoussoir, sous les formes de la "grande prostituée" terrienne et de la Babel de la division des humains, par opposition à la Jérusalem céleste censée abriter tous les croyants à la fin des temps. Dans le monde méditerranéen, de l'Antiquité jusqu'à nos jours, une mégapole semble avoir toujours succédé à une autre pour exercer son empire sur l'ensemble du monde connu ou civilisé pour les contemporains : Rome, bien sûr, l'Urbs qui fut le principal archétype occidental de la mégapole avant que ne le devienne la New York de la Mégalopolis ; Alexandrie, dont le rayonnement a perduré au delà de l'effondrement de l'empire romain jusqu'à la conquête islamique, avant que Le Caire en prenne le relais ; Constantinople-Byzance-Istambul, dont les changements de nom soulignent l'extraordinaire durée de son importance à l'articulation de l'Orient et de l'Occident. En périphérie du monde méditerranéen, mais au centre d'une autre organisation du monde, on doit citer Bagdad, la capitale des Califes dont l'autorité s'étendait de l'Atlantique à l'Océan indien et dont le géographe al-Yaqubi disait en 890 : "si je commence par l'Irak, c'est uniquement parce qu'il est le centre de ce bas monde, le nombril de la terre. Je mentionne en premier lieu Bagdad, parce qu'elle est le c½ur de l'Irak, la cité la plus considérable, qui n'a d'équivalent ni à l'Orient ni à l'Occident de la terre, en étendue, en importance, en prospérité [...]. Elle est habité par les individus les plus divers [...] ; c'est vers elle que l'on émigre de tous les pays, de loin comme de près [...]. Tous les peuples du monde y possèdent un quartier, un centre de négoce et de commerce : c'est pourquoi l'on y trouve réuni ce qui n'existe dans aucune ville au monde." [réf 19]

Onze siècles plus tard, ce type de description se trouve répété à profusion au sujet des mégapoles cosmopolites de New York et Los Angeles ("le royaume du possible" [réf 20]), qui seraient des carrefours du monde caractérisés par la diversité des origines (que l'on nomme aujourd'hui pluri-culturalisme ou multi-ethnicité), le déracinement et l'anonymat. Ces descriptions, qui tendent à faire de la "mégapole régnante" du moment à la fois le centre et le concentré du monde qui leur est contemporain, sont toujours justifiées si on les analyse comme des représentations appropriées du monde et de la ville selon la conception de leur auteur. C'est ainsi, si l'on assimile la France aux Lumières, au Progrès et à la Civilisation, que l'on peut admettre la définition que le Grand Dictionnaire Larousse donnait de Paris en 1866-1876 : "Incontestablement, c'est Paris aujourd'hui qui peut être regardé comme la capitale du monde. Londres n'est qu'une grande ville, une agglomération énorme, le centre d'un peuple puissant. Paris est à son tour la ville, le foyer commun de la vie moderne ; on n'a pas assez dit quand on l'a nommée le c½ur et le cerveau de la France, c'est le cerveau de l'Univers, c'est le c½ur de l'humanité". [réf 21]

On peut en sourire, d'autant plus qu'on trouve sans doute l'équivalent dans des descriptions de Londres à la même époque. Aujourd'hui, les discours politiques et médiatiques, voire académiques, regorgent d'exemples similaires. On peut aussi ajouter que, pour nous dépeindre les mégapoles, depuis l'anathème de la Bible sur Babylone et les Bucoliques de Virgile sur Rome, les discours les plus apocalyptiques et critiques ont coexisté avec les représentations les plus dithyrambiques. Le trait commun, c'est "l'exceptionnalité", une sorte de sacralisation de la mégapole comme un objet unique.

On trouvera chez des auteurs de disciplines différentes [réf 22] des analyses du rôle proprement crucial qu'ont joué des mégapoles exceptionnelles dans l'organisation de l'espace et de la société de leur temps. Elles sont toujours à la fois imago mundi et axis mundi, c'est-à-dire des répliques de l'univers et son centre, pour leurs concepteurs. Entre autres exemples, Chang'An puis Pékin en Chine et Kyoto au Japon, Rome pour l'Empire puis pour la Chrétienté, Teotihuacan puis Mexico-Tenochtitlan pour la Méso-Amérique précolombienne, furent à leur époque ce que les États-Nations contemporains ont essayé de faire de Washington, Ankara, Brasilia et New Delhi : des villes-mondes, des villes qui sont et font le monde. Villes-mondes, car elles représentent le monde qu'elles polarisent, avec un urbanisme qui concrétise dans le plan et dans les édifices monumentaux une représentation de l'univers, de ses divisions et de ses niveaux. D'une certaine façon, comme le dit Mircéa Éliade, toute construction humaine est cosmogonique, c'est-à-dire reproduit la Création du Monde. Mais ce qui est particulier à la mégapole, c'est sa taille, qui lui permet d'être un monde en soi, c'est-à-dire de présenter une complexité qui ne se laisse pas embrasser et lui permet de représenter la complexité du monde qu'elle polarise (on retrouve là les descriptions antiques et contemporaines qui s'attachent à la diversité humaine et architecturale ainsi qu'à la variété des produits ou des expériences [réf 23]).

Du fait même de la polarisation des flux de personnes, de biens et d'idées, du fait de ce rayonnement en termes de prestige et d'influence, le monde dont une mégapole est le centre est organisé conformément à l'image du monde qui prévaut au centre. L'histoire nous montre que cette boucle de rétroaction, qui organise le monde en fonction de la mégapole qui le conçoit, peut naître du volontarisme d'une autorité et se développer pendant plusieurs siècles avant qu'un problème ne vienne l'enrayer. En fait, nombreux sont les exemples d'une continuité fluctuante du rôle polarisateur des anciennes mégapoles qui, après avoir dominé de façon exclusive un empire aux dimensions du monde de leur temps, se sont retrouvés placées en position périphérique par un impérialisme étranger, avant de connaître une nouvelle fortune comme pôles organisateurs des États-Nations contemporains à partir du 19ème siècle. Rome, Istambul, Le Caire, Bagdad, Pékin, Mexico ou Delhi ont connu des fluctuations de ce genre pour contribuer finalement au processus contemporain de mégapolisation.

La logique de "l'exceptionnalité", qui produit une ou deux mégapoles dominant presque sans partage un espace organisé comme un empire, peut être reconnue jusque dans les dernières générations de mégapoles : Londres et Paris et leurs empires coloniaux qui culminent au tout début du 20ème siècle, New York et Tokyo et leur règne sur l'empire de la finance internationale dont l'apogée correspond au gonflement de la bulle spéculative de la fin des années 1980, Los Angeles dont l'empire sur l'imaginaire mondial ne semble pas cesser de s'étendre grâce à l'intégration économique et culturelle des secteurs de l'information, des loisirs et de l'électronique.

La mégapolisation : la fin des régimes d'exception ?

Dans le processus d'humanisation de la planète, la mégapolisation marque une nouvelle étape : la ville géante, au lieu d'être exceptionnelle, devient normale. Avec la fin du caractère extraordinaire des mégapoles, la mégapolisation devrait faire disparaître en conséquence les régimes d'exception avec lesquels les sociétés humaines les ont traitées jusqu'à aujourd'hui. La mégapole d'aujourd'hui se banalise en se multipliant. C'est cela qu'il faut comprendre par la mégapolisation, et pas seulement le fait que davantage d'être humains habitent dans des agglomérations qui dépassent un certain seuil. Ce processus en cours peut être interprété comme la conséquence géographique de deux autres processus concomitants, qui participent de l'histoire de la mondialisation : l'industrialisation d'une part, comme changement radical dans les conditions de production, et la construction de l'État-Nation, comme rupture avec l'Ancien Régime de gouvernement des individus et des collectivités.

La carte des 17 villes millionnaires recensées en 1900 [figure 9] montre que les métropoles de l'époque se sont développées là où l'impact de la révolution industrielle coïncidait avec la présence d'états-nations forts qui étaient aussi des métropoles d'empires et avec de fortes densités de population. De cet ensemble, les métropoles qui comptent encore parmi les mégapoles un siècle plus tard sont les capitales politiques ou économiques de leur pays [figure 10]. En effet, le cadre de l'État-Nation et la polarisation politico-administrative peuvent nous indiquer pourquoi les 25 plus grandes agglomérations de la planète sont aujourd'hui dispersées dans 18 pays différents (alors que les 17 millionnaires de 1900 se trouvaient dans seulement 9 pays). La règle associe donc une mégapole à un pays, donc à une aire d'influence nationale : la mégapole reste une interface entre l'intérieur et l'extérieur.

Il est logique que les géants géographiques, en termes démographique et territorial, aient deux ou trois mégapoles, comme c'est le cas pour l'Inde, les États-Unis et le Brésil. On note alors l'exception chinoise, que l'on peut imputer à un très grand volontarisme dans le contrôle de la croissance urbaine ; l'exception inverse est le Japon, avec la première et la neuvième mégapoles mondiales par l'importance démographique (la première et la quatrième dans l'ordre économique). Au vu des taux de croissance actuels, on peut estimer que les nouvelles mégapoles qui dépasseront bientôt le seuil des 8 millions d'habitants représenteront de nouveaux pays dans la liste (la Thaïlande, Taiwan, le Pérou, la Colombie, le Nigeria) et donneront plus d'importance à la Chine et à l'Inde. Que l'on s'intéresse à la polarisation des territoires, à la masse et à la diversité des populations, à l'imaginaire et aux représentations ou aux problématiques de la gestion territoriale, on ne peut que constater la banalisation du phénomène mégapolitain.

En finir avec les discours catastrophistes ?

Là où l'univers s'arrêtait aux limites du monde connu, il est maintenant conçu comme infini ; là où l'écoumène correspondait aux contours d'une civilisation, il est devenu l'ensemble planétaire ; là où une mégapole régnait sans partage, forte de son caractère sacré qui lui conférait un statut exceptionnel (avant que son caractère exceptionnel même lui attribue une sorte de sacralité, comme dans le texte de Larousse déjà cité), elles sont désormais plusieurs dizaines. Lorsque chaque monde pouvait s'ignorer, chaque mégapole était unique. Dans un monde désormais commun, nous connaissons toutes les mégapoles. Nous lisons à leur propos des descriptions interchangeables, qu'elles soient dithyrambiques ou apocalyptiques. Nous voyons que l'image des unes est utilisée pour décrire les autres. Dans le passé, on invoquait pour renforcer le caractère exceptionnel d'une mégapole les images des mégapoles exceptionnelles qui l'avaient précédée. Aujourd'hui, pour décrire l'extrême diversité intrinsèque de chacune, on dira qu'elle contient un morceau de ses contemporaines. A Mexico, on évoque Los Angeles pour parler des beaux quartiers et Calcutta pour les bidonvilles. A Los Angeles, pour parler des quartiers pauvres latinos, on fait appel à Mexico ; pour les beaux quartiers, on préfère évoquer la ville italienne ou les Champs-Elysées parisiens. Et à Calcutta, à quoi se réfère-t-on pour décrire les beaux quartiers, ou les bidonvilles ?

Au 20ème siècle, la figuration contemporaine du caractère exceptionnel des mégapoles est passée par leur représentation systématique comme des "monstres". Sur ce thème, on peut multiplier à l'infini les exemples de descriptions journalistiques, touristiques, académiques ou politiques qui rivalisent de lyrisme avec les ½uvres de fiction dans la peinture apocalyptique des mégapoles du 20ème siècle. Le plus souvent, ces discours ne relèvent que de la figure de style obligée, et renvoient davantage aux structures de l'imaginaire de leur auteur qu'à une procédure méticuleuse de description et d'analyse. Il faut espérer qu'au 21ème siècle, on trouvera des manières moins mécaniquement catastrophistes de rendre compte de la complexité sociale et spatiale des mégapoles et des inquiétudes qu'elles nous donnent. Cela est vital, car le lyrisme apocalyptique, en reproduisant les structures d'un discours préconçu sur la bonne cité et la mauvaise ville (on retrouve là le dualisme Jérusalem / Babylone), tend à "naturaliser" la mégapole comme un organisme autonome, alors qu'elle n'est que la résultante d'un ensemble de logiques sociales qui s'exercent en interaction les unes avec les autres et relèvent toutes de responsabilités humaines. La figure de la monstruosité masque, plutôt qu'elle ne révèle, les problèmes dont souffrent les habitants des mégapoles [réf 24].

Abolir les régimes spéciaux de gouvernement ?

Il reste à évoquer un autre indicateur de la fin de "l'exceptionnalité" : la fin du statut politique particulier de certaines mégapoles. Pendant des siècles, les mégapoles qui dominaient sans partage un monde qui était leur empire ont été construites et gérées comme des représentations physiques du pouvoir qui s'y exerçait. L'autorité se fondait sur la sacralité de sa fonction d'intermédiaire entre les mondes métaphysique et le monde physique ou entre le microcosme du palais ou du temple principal, le mésocosme de la ville et le macrocosme du monde environnant. Ces correspondances et ces relations s'expriment matériellement par les emboîtements et les superpositions des plans urbains. Ce qui nous importe ici, c'est que l'assimilation de la mégapole au monde dont elle est le centre entraîne généralement une confusion des fonctions de commandement : gérer la ville et le pays, ou la mégapole et son empire, sont souvent confondus. Dans les institutions, cela se repère par rapport aux autres collectivités locales par le statut dérogatoire de la capitale et la disparition d'un des échelons habituels d'administration territoriale. En France, Paris intra-muros était à la fois une commune et un département, géré directement par un représentant nommé par le gouvernement national. A Buenos Aires, comme à Mexico, l'autorité chargée de la gestion de la capitale était une personnalité équivalente à un ministre du gouvernement fédéral.

La demande de démocratisation, et de participation locale aux affaires de la cité, a abouti dans le dernier quart du 20ème siècle à donner à certaines de ces mégapoles des statuts ordinaires, afin que leurs habitants choisissent eux-mêmes leurs gouvernants et leurs politiques, comme dans les autres collectivités territoriales : les maires sont désormais élus à Paris (depuis 1977), Buenos Aires (1996) et Mexico (1997), et cette question se pose dans d'autres mégapoles, au gré des progrès de la démocratisation. Avec ce premier défi, en vient un second du même ordre : non seulement les mégapoles ont besoin d'élus qui représentent les habitants aux niveaux les plus appropriés pour entendre leurs demandes, mais il leur faut aussi des instances de coopération entre élus aux niveaux les plus pertinents pour satisfaire ces demandes. Or, ces niveaux ne sont pas les mêmes : il y a besoin de démocratie locale, à l'échelon du quartier, pour entendre les citoyens ; il y a besoin d'une gouvernance à l'échelle de l'agglomération, pour satisfaire les citadins. Dans le même temps qu'il faut donner aux habitants des élus relativement proches, il faut donner à ces élus les instruments pour agir ensemble. Or, la situation qui prévaut aujourd'hui est plutôt le morcellement des mégapoles en petits fiefs politiques, parfois insérés dans des structures de coopération relativement peu contraignantes.

Réduire la fragmentation institutionnelle et promouvoir la coopération à l'échelle mégapolitaine ?

Dans certains cas, la mégapole dispose d'une entité de taille efficace pour la gérer comme un tout. Cela est très visible à Moscou, où la municipalité élue à la suite de la disparition du régime soviétique en 1990 s'est retrouvée à la tête d'un territoire qui englobe la totalité de l'agglomération et dont elle détient la propriété foncière, avec un arsenal de compétences très étendu. Le rôle de cette entité politique a été spectaculaire dans la rénovation et réhabilitation de l'espace moscovite, en particulier depuis 1995 [réf 25]. Pour l'agglomération parisienne, le fonctionnement de la région Ile-de-France depuis les lois de décentralisation de 1982 lui permet de se constituer progressivement comme l'échelon pertinent d'administration de ce territoire mégapolitain ; cependant la région n'a pas vraiment d'autorité sur les huit départements et les 1200 communes qui la compose, et la coopération de tous ces acteurs institutionnels aux compétences différentes dépend en grande partie de la bonne volonté des élus. La conjonction d'un pouvoir central fort et actif et d'une échelle régionale appropriée est cependant considérée comme favorable [réf 26], si l'on compare à la situation dans d'autres mégapoles.

Dans plusieurs cas, on trouve au centre de la mégapole une entité politique centrale forte et active, comme à Tokyo ("Préfecture") ou à Mexico ("District fédéral"), dont les responsables élus ont la puissance de "gouverneurs" régionaux, ce qui déséquilibre les rapports de force avec les entités plus petites qui composent le reste de l'agglomération. A Mexico, la trentaine de municipalités entourant le District fédéral présente un front politique dispersé face à ce dernier et face à l'état fédéré qui les englobe. A Buenos Aires, la nouvelle municipalité qui gère la "capitale fédérale" administre moins du quart de la population de l'agglomération, tandis que l'échelon englobant de la province s'étend très au-delà. La même situation se présente au Brésil, où la gestion des mégapoles de São Paulo et de Rio de Janeiro est tiraillée entre les différentes municipalités ("prefeituras") qui les composent et les états fédérés, aux gouverneurs puissants, où elles se situent.

Une troisième situation est celle de mégapoles qui ne disposent ni d'un échelon pertinent de gestion, ni d'une entité centrale forte. A Londres, l'institution de coordination du "Greater London" n'englobe que 70 % des habitants de la mégapole. A Los Angeles à l'inverse, l'instance censée favoriser la coopération entre les autorités locales s'étend jusqu'à inclure des régions agricoles et désertiques distantes de plusieurs centaines de kilomètres. En effet, l' "Association des gouvernements de Californie du sud" (SCAG) regroupe les 5 comtés qui composent l'agglomération résidentielle et fonctionnelle (Ventura, Los Angeles, San Bernardino, Riverside et Orange) ainsi que celui d'Imperial le long de la frontière mexicaine (mais pas celui de San Diego). Les 167 municipalités concernées n'accordent en fait aucun pouvoir à cette association, et leurs coopérations restent très limitées et sectorielles (essentiellement et séparément : gestion des transports, de l'eau et de la pollution, sous la pression des gouvernements fédéré et fédéral). La municipalité de Los Angeles, qui abrite pourtant un quart de la population de l'agglomération, est elle-même une entité politique faible qui ne peut influer sur le comté ou les municipalités voisines (y compris celles qui sont totalement enclavées dans son territoire). Le maire doit y négocier en permanence avec un conseil municipal dont les 15 membres représentent leur district comme une entité politique autonome, délimitée de telle sorte qu'elle incarne en fait une "ethnie" (noire, hispanique, juive, etc.) plutôt que des quartiers urbains [figure 11].

Banaliser le cosmopolitisme ?

Le dernier caractère exceptionnel de la mégapole d'avant la mégapolisation, c'est le cosmopolitisme : comme il a déjà été indiqué, ces villes sont représentées comme des mondes complets et complexes, où coexistent une multitude de peuples (ce que le 20ème siècle a appelé "races" puis "ethnies" et "cultures"), la plus grande diversité sociale (des plus riches aux plus pauvres) et toute la gamme des situations et expériences personnelles. Tant que la mégapole était conçue comme le concentré du monde qu'elle polarisait, le cosmopolitisme était un de ses caractères propres, celui par lequel on pouvait l'opposer aux autres villes et espaces. Seule une mégapole par essence unique pouvait être le monde, c'est-à-dire refléter toute la diversité du monde.

Aujourd'hui, le cosmopolitisme, c'est-à-dire la diversité des gens, des cultures et des expériences, tend à être partout, en tout lieu : cela a évidemment à voir avec le processus de mondialisation, qui ne concerne pas que les communications électroniques, la finance internationale, le marché de l'art, les échanges scientifiques, les costumes-cravates à l'européenne ou les boissons gazeuses d'inspiration états-unienne, mais aussi les pizzerias et restaurants chinois, les vins français et chilien, la salsa, les mangas et tagamuchis japonais. Le cosmopolitisme des expériences semblait autrefois réservé à quelques villes exceptionnelles, où se créait en conséquence un "milieu créatif" remarquable dans les domaines artistique, scientifique et politique (cf. Alexandrie dans l'Antiquité, Cordoue et Grenade au Moyen-Âge, Paris au 19ème et New York au 20ème siècle, pour n'en citer que quelques unes).

Il ne s'agit pas de prétendre ici que les hiérarchies entre "milieux créatifs" sont abolies, ni de nier qu'il existe des villes plus cosmopolites que d'autres. Mais le cosmopolitisme n'est plus un marqueur d'exceptionnalité, il ne suffit plus à faire de la mégapole un être urbain d'une nature spéciale. C'est pourquoi, là encore, il faut admettre la banalité de la complexité cosmopolitique et trouver les formes ordinaires de gestion de celle-ci. Les divers modèles de gestion de la différence et de l'altérité sont actuellement fort critiqués, qu'il s'agit du modèle de citoyenneté intégratrice et unificatrice qui ne fait pas de place à la différence, ou du modèle de citoyenneté ségrégative qui ne fait pas de place à ce que les gens ont en commun. Avec la banalisation des mégapoles, se multiplient les situations dans lesquelles des populations ont à gérer ensemble leurs différences. Il ne s'agit donc plus de nier qu'il existe un destin commun du fait même de composer ensemble une mégapole, ni de nier que les différences sont constitutives de celle-ci. On doit cesser de considérer comme extraordinaire, voire scandaleuse, la cohabitation des riches et des pauvres, la multiplication des usages et la diversification des manières de vivre : il faut s'y adapter pour mettre en ½uvre l'organisation sociale et politique que tout cela implique.

Conclusion : inventer la "mégapolitique"

L'UNESCO, entre autres, nous prévient de la nécessité de nous adapter à cette réalité : "il faudrait trois planètes de la taille de la Terre pour supporter six milliards de Canadiens" [réf 27]. Il semble totalement impossible de généraliser à toute l'humanité les conditions de vie qui prévalent actuellement dans les pays les plus riches. Mais, si l'humanité a pu prendre 40.000 ans pour atteindre trois milliards d'individus, et seulement 50 ans pour doubler ce nombre, c'est parce que le processus d'humanisation de la Terre, depuis près de 10.000 ans, passe par l'agglomération de populations sur des surfaces restreintes. L'urbanisation est devenue en l'an 2000 la principale modalité d'occupation de l'espace pour la majorité de la population planétaire. La mégapolisation, qui débute au 19ème siècle avec la Révolution industrielle et la généralisation de la forme politique de l'État-Nation dans le Monde, est sans doute loin d'être terminée.

De ce fait, il faut cesser de penser aux mégapoles comme à des exceptions, et inventer les formes pertinentes de gestion sociale, politique et économique de ces entités complexes et composites, voire contradictoires. Il semble nécessaire d'inventer une "mégapolitique", une politique qui donne une représentation à chaque agglomération dans son ensemble tout en donnant une représentation à chaque type de composante, qu'elle soit géographique (les quartiers et les autres échelons d'organisation de la vie urbaine) ou socio-culturelle (les différents groupes -origines, générations, etc.- qui donnent vie à sa réalité cosmopolite). Cela seul permettra d'imaginer que les mégapoles seront gérées de façon responsable comme des milieux sociaux et physiques où se reproduiront les conditions favorables à la créativité, à l'intégration sociale et à la production.

Références :
Référence 1 : "Le moins fréquent des chorotypes" : Brunet & Dollfus, 1990 p.204.
Référence 2 : http://tankg.cinemedia.net/megalopolis/ (12.XI.1999).
Référence 3 : http://www.alliancefr.com/pagani/theme.html (06.I.2000)
Référence 4 : "Starved in megalopolis / Hooked on megalopolis / Addict of metropolis / Slam dance cosmopolis / Enlighten the populace", Ghetto Defendant, The Clash, 1982.
Référence 5 : Cité par Davis 1998, p.361.
Référence 6 : Cf. la Gotham City de Batman ou la série des "Cités obscures" de Schuiten et Peeters.
Référence 7 : Cf. Neuman 1996.
Référence 8 : http://www.worldmedia.fr/tourism/Page/T21015 (06.I.2000). Référence 9 : In : Journal officiel de la République française du 16 décembre 1998
Référence 10 : Mayor, 1999, p.54.
Référence 11 : Cf. Moriconi-Ebrard 1993, 1994.
Référence 12 : Moriconi-Ebrard, 1993, 1994, 2000 ; T.E.F. 1999. Référence 13 : Cf. Sassen 1991, Haeringer 2000, Le Bris & Massiah 1996, Prud'homme 1996. Référence 14 : Haeringer 1993, p.5-ss. ; Le Bris & Massiah 1996, p.33-ss. Référence 15 : Prud'homme 1996, p.69.
Référence 16 : par ordre décroissant : Tokyo, New York, Los Angeles, Osaka, Paris, Londres, Chicago.
Référence 17 : par ratio décroissant : Shanghaï, Bangkok, Calcutta, Jakarta, Mexico, Le Caire, Manille, São Paulo, Paris.
Référence 18 : Nicolet et alii, 2000, p.452-ss.
Référence 19 : Cité dans Nicolet et alii, 2000, p.695.
Référence 20 : "Los Angeles, Realm of Possibility", Anderson & alii, 1991. Référence 21 : Nicolet et alii, 2000, p.47.
Référence 22 : Cf. Éliade 1952, Vernant 1965, Paul-Lévy & Ségaud 1983, Racine 1993, Monnet 2000, Nicolet et alii 2000.
Référence 23 : Cf. Allen & Turner 1997, Ball & Petsimeris 2000, Gruzinski 1996, Monnet 1993.
Référence 24 : Cf. Monnet 1993, 1997, 2000 (p.53-ss.)
Référence 25 : Cf. Vendina 1999.
Référence 26 : Prud'homme 1996, p.61.
Référence 27 : Mayor, 1999, p.79.

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BALL, Susan & PETSIMERIS, Petros, 2000. "Greater London entre hétérogénéité ethnique et polarisation socio-spatiale". CYBERGEO n°122, 17 p. (http://www.cybergeo.presse.fr)
BRUNET, Roger, & DOLLFUS, Olivier (dirs.), 1990. Géographie Universelle: Mondes Nouveaux, Paris: Hachette/ Reclus/ Compagnie Financière de l'Union Européenne, 552 p.
DAVIS, Mike, 1998. Ecology of Fear. Los Angeles and the Imagination of Disaster. New York : Metropolitan Books, 484 p.
DELER, Jean-Paul, LE BRIS Emile & SCHNEIER, Graciela (éds), 1998. Les métropoles du Sud au risque de la culture planétaire. Paris : Karthala, 422 p. ELIADE, Mircéa, 1952 (1980). Images et symboles. Essais sur le symbolisme magico-religieux. Paris: Gallimard (TEL).
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GOTTMANN, Jean, 1961. Megalopolis. The Urbanized Northeastern Seabord of the United States. New York : The Twentieth Century Fund.
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MONNET, Jérôme, 1993. La ville et son double. La parabole de Mexico. Paris: Nathan, 224 p. (Essais & recherches).
MONNET, Jérôme, 1997. "Pitié pour les grandes villes !". CYBERGEO n°16, 1997, 3 pages (à consulter sur http://www.cybergeo.presse.fr, rubrique "points chauds").
MONNET, Jérôme (dir.), 1999. La ville et le pouvoir en Amérique : les formes de l'autorité. Paris : L'Harmattan, 190 p. (Géographie et cultures).
MONNET, Jérôme (dir.), 2000. L'urbanisme dans les Amériques. Modèles de ville et modèles de société. Paris : Karthala, 205 p.
MORICONI-EBRARD, François, 1993. L'Urbanisation du Monde depuis 1950. Paris : Anthopos-Economica (collection Villes), 372 p.
MORICONI-EBRARD, François, 1994. GEOPOLIS. Pour comparer les villes du monde. Paris : Anthopos-Economica (collection Villes), 246 p.
MORICONI-EBRARD, François, 2000. "Population estimée des plus grandes agglomérations du Monde", à paraître dans Tableaux de l'économie française 2000-2001, Paris : INSEE.
NEUMANN, Dietrich (ed.), 1996. Film Architecture : Set Designs From Metropolis to Blade Runner. Munich / New York : Prestel, 207 p.
NICOLET, Claude, ILBERT, Robert & DEPAULE, Jean-Charles (dirs.), 2000. Mégapoles méditerranéennes. Géographie urbaine rétrospective. Paris : Maisonneuve et Larose (L'atelier méditerranéen), 1072 p.
PAQUOT, Thierry (dir.), 1996. Le Monde des villes. Panorama urbain de la planète. Bruxelles : Complexe, 699 p.
PAUL-LEVY, Françoise & SEGAUD, Marion (éds.), 1983. L'anthropologie de l'espace. Paris: Centre Georges Pompidou / CCI, 345 p. PITT, Leonard & PITT, Dale, 1997. Los Angeles A to Z: An Encyclopedia of the City and County. Berkeley : University of California Press, 606 p.
PRUD'HOMME, Rémy, 1996. "Mégavilles : économie et gestion". In : PAQUOT, Thierry, dir. (1996). Le Monde des villes. Panorama urbain de la planète. Bruxelles : Complexe, p.45-77.
RACINE, Jean-Bernard, 1993. La ville entre Dieu et les hommes. Paris : Anthropos-Economica, 1993, 354 p.
SASSEN, Saskia, 1991. The Global City : New York, London, Tokyo. Princeton : Princeton University Press. T.E.F., 1999. Tableaux de l'économie française 1999-2000. Paris : INSEE, 2000 p.
VENDINA, Olga, 1999. "Le nouveau visage de Moscou et la contribution de la municipalité à la modernisation de la ville", CYBERGEO n°82, 14 p. (http://www.cybergeo.presse.fr)
VERNANT, Jean-Pierre, 1965, Mythe et pensée chez les grecs. Paris : François Maspéro (Textes à l'appui).

Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
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#2 05-01-2005 16:26:50

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Re: Le concept de mégalopole

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#3 07-10-2006 15:17:55

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Re: Le concept de mégalopole

La fièvre des mégapoles
LE MONDE | 07.10.06 |
   
L'année 2007 sera marquée par un tournant sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Pour la première fois, la population urbaine dépassera la population rurale. La planète se couvre de villes à un rythme effréné. En 2030, les
citadins seront 5 milliards et représenteront 60 % de la population mondiale selon le Programme des Nations unies pour l'habitat (PNUH).
(...)

Pour se convaincre de l'ampleur du défi, tout à la fois environnemental, social et politique, envisageons un scénario catastrophe : qu'adviendra-t-il si rien n'est fait pour organiser la croissance urbaine ? "De gigantesques agglomérations rassembleront une population qui souffrira de malnutrition et de maladies, imagine Nefise Bazoglu, l'une des responsables du PNUH. La population devra s'accommoder d'infrastructures congestionnées. Des montagnes de déchets domineront le paysage. Les lieux de travail et d'habitation seront de plus en plus éloignés et les travailleurs passeront des heures pour se rendre au travail. Les opportunités d'investissement diminueront. La ville à grande échelle deviendra un cancer qui empêche le développement, plutôt qu'un avantage économique."
(...)

Pour l'économiste Jean-Marie Cour, les financements ne sont pas à la hauteur de l'enjeu. "Les pays riches doivent contribuer à ces coûts très importants de façon constante et massive, lance-t-il. Les solutions doivent être ajustées à l'échelle de ce processus de peuplement, et non à l'échelle de nos moyens ou de notre bonne volonté."

Plusieurs expériences pilotes permettent de rêver la ville idéale, qui devrait être à la fois dense, mixte, et aérée. Il s'agit de prototypes, comme Dongtan, ville écologique chinoise prévue pour 2010, ou BedZED, quartier autosuffisant en eau et énergie situé dans la banlieue de Londres. Mais ces créations sorties de l'imagination d'architectes et d'urbanistes sont difficilement transposables à des villes qui doivent à la fois assumer leur héritage et gérer l'explosion de leur population au jour le jour. "Les villes où nous considérons qu'il fait bon vivre ont souvent plus de mille ans d'existence", rappelle M. Cour.

(...)

Les trois prochaines décennies seront cruciales. "Que les villes du Sud prennent pour modèle Atlanta ou Barcelone et le changement climatique n'aura pas la même ampleur à la fin du siècle", car Barcelone loge une population de 20 % supérieure à celle d'Atlanta, sur une surface 26 fois plus faible et consomme 11 fois moins d'énergie par habitant pour le transport urbain.

CHIFFRES

EN 2015, 12 COMMUNAUTÉS URBAINES DANS LE MONDE
auront plus de 15 millions d'habitants. Il y en avait 6 en 2005 (Tokyo, Mexico, New York, São Paulo, Mumbaï, Delhi), et seulement deux (Tokyo, New York) en 1980 selon les Nations unies.

LA CROISSANCE URBAINE
dans les pays développés progresse de 0,75 % par an, mais atteint 4,5 % en Afrique subsaharienne et 3,8 % en Asie du Sud-Est.


A LIRE
Le Pire des Mondes possibles, Mike Davis, La Découverte, 250 p., 21 €.

Gaëlle Dupont

L'article en entier se trouve sur:
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 … 172,0.html


PSS - Architecture, Urbanisme, Aménagement du territoire
City Forum - Ville 3D

~ Ah tu Voi c pour sa ke Seul les pti bonhomme du Baby on ldroi dShooT - Chandler Friends s06-ep06 ~

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#4 18-10-2006 03:38:02

Megapolis
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Re: Le concept de mégalopole

Ah Ah ce topic est pour moi A10  A10  A10

Mais c'est bien Megapole et non Megalopole comme j'ai pus lire précedament.En tous les cas, trés intérressent l'article posté par Mynight à ce sujet il n'y a pas plus précis et complet.
Merci C10  B3

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#5 21-10-2006 21:28:19

Minato ku
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Re: Le concept de mégalopole

Megapole agglomeration tres peuplee : Tokyo
Megalopole ensembles de grandes agglomeration tres rapprochees : Megalopole japonaise (de Tokyo a Fukuoka)


すみません
J’aime Paris et je veux des tours !

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#6 22-10-2006 09:55:45

JBCousin
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Re: Le concept de mégalopole

Oui tu as raison Minato ku.
Paris est l'un des deux Mégapoles d'Europe Occidentale mais celle-ci n'appartient pas à la Mégalopole Européenne ( surnommée Banane bleue par sa forme et par la couleur du drapeau Européen ) contrairement à Londres.
Paris est aussi une grande métropole bien évidemment.

La Banane Bleue :
http://img142.imageshack.us/img142/3038/blauebananeun7.png

Je viens de le faire en Géo ! D6
Ma prof de géographie, il y a quelques années nous avait dit que Paris tendait beaucoup à être dans la Mégalopole. Qu'est ce qu'il en est actuellement ? ( questions aux géographes du forum ) C10

A savoir aussi que la Mégalopole Nord Est Américaine s'appelle Mégalopolis, il n'y aurait pas eu une confusion par hasard lors de l'écriture de ton pseudo Megapolis ?

Dernière modification par JBCousin (22-10-2006 09:58:23)

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#7 22-10-2006 11:26:00

Boris_F
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Re: Le concept de mégalopole

@ JBCousin

Voici une carte de la densité des habitants européens au kilomètre carré :

http://www.cosmovisions.com/cartes/qEuropeProcheOrientDensitePopulation.jpg

On voit bien la banane bleue, qui est une zone très dense. Cependant, on ne peut pas parler de mégalopole, sachant que l'urbain bâti n'est pas continu.

On voit bien les quatres grosses nébuleuses urbaines de la banane bleue, anglaise (axe sud/nord Londres/Birmingham/Nottingham/Sheffield/Liverpool/Leeds), hollandaise (de Eindhoven à Amsterdam passant par Rotterdam, La Haye, Utrecht) , allemande (axe Rhin/Rhur - ensemble Bonn/Essen/Dortmund et Stuttgart/Mannheim/Francfort) ) puis italienne (axe nord de Turin à Trieste).

Paris est morphologiquement éloigné de la Banane Bleue, mais reste un pôle d'échange majeur dans un axe Londres / nord-Europe où Lille est un pôle relais fondamental, ainsi que dans un axe Londres / Europe de l'est.

Il existe deux autres axes européens qu'on devine sur la carte de densités mais qui sont beaucoup moins marqués : l'axe méditerranéen allant disons de Malaga à Naples (en passant par Alicante, Valence, Barcelone, Perpignan, Montpellier/Nîmes, Aix-Marseille, Toulon, Nice, Gênes, Livourne, Rome et Naples) et qui reste un pôle d'échange important avec lee bassin méditerranéen (Afrique du Nord / proche Orient) ;
et l'axe atlantique, allant disons de Londres à Lisbonne en passant par Dunkerque, Le Habre, Caen, Brest, Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Bilbao, Santander, Gijon, la Corogne, Vigo, Porto et Lisbonne.

Dans ce qu'on pourrait appeler 'mégapoles' dans le sens absolu du terme (unité urbaine dépassant les 8 millions d'habitant selon les critères fixés par l'ONU), j'en note deux seulement  en Europe : Londres (13M dans la région), Paris (11,5M dans la région). Cependant, la nébuleuse urbaine hollandaise dite Randstad est un réseau urbain qui pourrait être assimilé à une mégapole de par sa densité sur une très vaste surface (6M d'habitants, voir ici : http://ww2.knag.nl/pagesuk/geography/fr … tekst.html ) et la conurbation Rhin-Ruhr reste une candidate idéale pour être classée dans les mégapoles(12 M dont 5,3M dans la Ruhr).

Si on considère Moscou comme étant partie intégrante de l'Europe (ce qu'elle est morphologiquement sans conteste), on peut l'ajouter à la liste avec ses 10,4M d'habitants.

Donc, selon les définitions restrictives ou non, l'Europe possède entre deux et cinq mégapoles  D6


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#8 22-10-2006 15:02:24

Fred75
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Re: Le concept de mégalopole

MyNight a écrit:

Donc, selon les définitions restrictives ou non, l'Europe possède entre deux et cinq mégapoles  D6

Voire six avec Istambul.

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#9 22-10-2006 15:25:45

Boris_F
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Re: Le concept de mégalopole

Exact, Fred, mais Istambul étant à cheval sur le Bosphore, on considère souvent qu'elle fait partie du monde oriental. Morphologiquement, c'est à moitié vrai  D6 Le tout compte environ 11 M d'habitants.

http://maps.google.fr/maps?f=q&hl=f … k&om=1


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#10 22-10-2006 17:08:18

le renard
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Re: Le concept de mégalopole

En parlant de banane, la concentration de mégapoles sur l'axe historique (au moins depuis Marco Polo A7 ) entre Europe et Extrême-Orient est plutôt impressionnante :

http://www.populationdata.net/images/cartes/monde-grandes-villes.png

http://www.populationdata.net/cartes/mo … villes.php

Un palmarès des villes millionnaires :
http://www.populationdata.net/palmaresvilles.php

Dernière modification par le renard des volumes (22-10-2006 17:16:22)


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#11 22-10-2006 17:26:34

archimonde
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Re: Le concept de mégalopole

impréssionnant, c'est le moindre qu'on puisse dire, j'ajouterai que ce n'est pas fini, vu la rapidité de croissance dans les pays de l'extreme orient, bientot, l'Europe va etre réduite vraiment à quelques mégapoles à moins qu'on recalcule tout par grandes régions et pas par grandes villes.
merci pour cette carte.

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#12 22-10-2006 19:10:20

Xboy360
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Re: Le concept de mégalopole

Paris : 11 367 193 hab

Lille-Courtrai : 1 842 118 hab
Lyon : 1 648 216 hab
Marseille : 1 516 340 hab
Douai-Lens-Béthune-Valenciennes  :  1 241 800 hab

Paris écrase vraiment les autres villes


La France devra marquer. Comment doit-elle s'y prendre ?
R.Domenech. : C'est simple, il faut mettre le ballon au fond du but.
E7

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#13 28-10-2006 19:50:35

Boris_F
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Re: Le concept de mégalopole

Article paru dans Géoconfluences -- De villes en métropoles

http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/ty … ropDoc.htm

De l'échelle globale à l'échelle européenne



La puissance des métropoles : hiérarchies mondiales dans une perspective globale

Les seuls poids démographique et économique de leur agglomération ne confèrent pas pour autant aux métropoles des capacités de commandement et d'influence dans le vaste jeu de la "mondialité" (world-cityness) contemporaine. Certains systèmes urbains fonctionnent essentiellement sur la base de l'auto-consommation et de l'auto-production à des échelles locales ou de proximité régionale.

Ainsi, bien que de grandes agglomérations du "Sud" telles que New Delhi, Kinshasa, Lagos, Djakarta, etc., rassemblent de très fortes concentrations humaines, elles sont d'un faible poids décisionnel à l'échelle mondiale.

De la même manière, des villes comme Nagoya, Miami ou Essen, qui génèrent pourtant un Produit Urbain Brut (PUB) équivalent ou supérieur au PIB de certains pays comme l'Afrique du Sud, ne disposent pas d'un poids décisionnel en conséquence. (doc. 2)

En effet, une ville mondiale produit, mais surtout, selon la "nouvelle division internationale du travail" (NDIT), elle est un centre de commandement qui décide, innove, anticipe, anime, influe.

Différents systèmes de classification hiérarchique globale des villes ont pu être proposés par S. Sassen (1991) puis par P.J Taylor (1995). Ils partent du même point de départ : c'est la production de services qui est le meilleur moyen de connaître le niveau de "mondialité" d'une ville.

Les nouveaux critères utilisés par Saskia Sassen (voir bibliographie en partie ressources) placent au sommet de la hiérarchie trois de ces villes : New York, Londres et Tokyo. Leur niveau de déterritorialisation est tel qu'elles fonctionnent en quasi-apesanteur et qu'émerge dans leurs interrelations "la possibilité d’un lien systémique autre que la compétition".

De leur côté, des chercheurs du GaWC (Globalization and World Cities Study Group and Network - Département de géographie - Université de Loughborough) ont adopté une méthode fondée sur les localisations d'un panel de firmes opérant dans le secteur de services supérieurs (avancés). Elles ont été sélectionnées pour leur place de leaders à l'échelle mondiale dans quatre domaines : comptabilité (accountancy), publicité (advertising), finance (banking) et services juridiques (legal services). Les chercheurs (J.V. Beaverstock, R.G. Smith et P.J. Taylor) considèrent qu'une ville est globale si ces quatre branches d'activité y sont bien représentées (siège social ou succursales principales). Les villes sont ensuite classées, pour chacun des quatre domaines. À partir de ce classement, le GaWC a attribué une note, sur une échelle de 1 à 12 (maximum), et a réparti les villes dans différentes catégories d'après la note obtenue.
Parmi les 122 villes étudiées, 55 font partie des trois premières catégories identifiées par les chercheurs : 10 villes dans la catégorie alpha, 10 également dans la catégorie bêta et 35 dans la catégorie gamma. Elles sont représentées sur le doc. 3.
Villes mondiales alpha
(note de 10 à 12)
    12 - Londres, Paris, New York, Tokyo
10 - Chicago, Francfort, Hong Kong, Los Angeles, Milan, Singapour
Villes mondiales bêta
(note de 7 à 9)
    9 - San Francisco, Sydney, Toronto, Zurich
8 - Bruxelles, Madrid, Mexico, Sao Paulo
7 - Moscou, Séoul
Villes mondiales gamma
(note de 4 à 6)

    6 - Amsterdam, Boston, Caracas, Dallas, Dusseldorf, Genève, Houston, Djakarta, Johannesburg, Melbourne, Osaka, Prague, Santiago, Taipei, Washington
5 - Bangkok, Beijing, Montréal, Rome, Stockholm, Varsovie
4 - Atlanta, Barcelona, Berlin, Buenos Aires, Budapest, Copenhague, Hambourg, Istanbul, Kuala Lumpur, Manille, Miami, Minneapolis, Munich, Shanghai

Ainsi, Londres, New York, Paris et Tokyo sont des villes mondiales complètes et globalisées car ce sont les seules qui apparaissent en tête de classement pour les branches d'activité à la fois. Les villes alpha ou bêta sont concentrées en Amérique du nord, Europe de l'ouest et Asie-Pacifique, les aires majeures de la globalisation au niveau mondial. Toutes les villes alpha y sont localisées et seules trois des villes bêta n'y sont pas (Mexico, Sao Paulo, Moscou).

Une telle classification des villes contemporaines dans le monde est fondée sur une méthode empirique à partir d'abondantes données portant sur différents domaines des services supérieurs. D'autres méthodes peuvent être proposées et celle-ci est appelée à évoluer mais elle met en évidence les réalités des processus de la globalisation.

1 - Le système métropolitain mondial, une représentation
http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/typespace/urb1/images/AMM.gif
D'après Durand, Gimeno - IEP de Paris - 1997

2 - La puissance des métropoles : les villes créatrices de richesses et d'activités

Comparaison de 25 premières agglomérations du monde par la valeur du PUB et des PIB de quelques États (en milliards de dollars, 1997)
http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/typespace/urb1/images/PUB-PIB.gif
D'après René Dagorn - Université de Reims Champagne-Ardenne - Maître de conférence à l'Institut d’Études Politiques de Paris in Marianne Gervais-Lombony (dir.) "Les très grandes villes du monde" - Atlande - coll. "Clefs concours" - 2001).
http://coursenligne.sciences-po.fr/2002 … dagorn.htm et      http://globalcities.free.fr/index.htm

===============
Hiérarchies européennes

Classements et autres "ranking" se multiplient donnant lieu à des formes de médiatisation variées, de la publication universitaire aux magazines à grand tirage. Pour ce qui concerne les villes, différents classements comparent leur qualité de vie, leur offre d'emploi, leur développement, etc. Lorsqu'ils sont favorables ces classements sont instrumentalisés par les chambres de commerce ou les gouvernements. Les méthodes adoptées sont diverses, en fonction des objectifs poursuivis et des niveaux d'échelle considérés. Ainsi, en ira-t-il différemment suivant que l'on se propose de comparer les villes entre elles à l'échelle européenne ou de les comparer dans le contexte de la globalisation des économies à l'échelle mondiale

En Europe, les études empiriques comparatives sont difficiles car l'U.E. a beaucoup de mal à se doter d'appareils statistiques compatibles à l'échelon urbain (Audit urbain - 2000). Eurostat (l'office statistique de l'U.E.) publie essentiellement des informations nationales et régionales. Les quelques informations publiées au niveau communal (NUTS 5) ne concernent que la démographie (base SIRE) et sont fort coûteuses.

Une étude récente a réactualisé celle que Roger Brunet avait consacré aux villes européennes en 1989. Commandée par la DATAR, elle a été réalisée par une équipe de l'UMR Espace : voir ci-contre. Mais les critères de comparaison ont dû être modifiés. Par exemple, les technopoles et centres de communication, en se banalisant, ne permettent plus de discerner les performances en termes d'innovation. En revanche, le rayonnement des villes passe à travers des critères culturels et d'intégration dans les réseaux de transport ou de recherche dont le poids est renforcé. Par ailleurs le poids économique des villes est un facteur difficilement mesurable car la production urbaine n'est pas toujours comptabilisée sur place, elle résulte souvent de logiques de réseau.

L'étude porte sur un panel de 15 variables. Seuls les indicateurs dont les données semblaient fiables et homogènes ont été retenus et évalués pour 178 agglomérations urbaines de plus de 200 000 habitants dans les pays de l'U.E., plus la Suisse, la Norvège et la ville de Luxembourg que son seul poids démographique aurait exclu.

Les quinze indicateurs de l'étude sont les suivants : population des agglomérations en 2000, évolution de leur population de 1950 à 2000, trafic de marchandises des ports, passagers des aéroports, accessibilité des villes à l'échelle européenne, sièges sociaux des plus grands groupes européens, places financières, foires internationales, congrès internationaux, musées, touristes, sites culturels, étudiants, édition des revues scientifiques, réseaux de la recherche européenne. Il s'est agi également d'évaluer les villes qui s'éloignent positivement ou négativement de la place que leur confèrerait leur seul poids démographique.

Il convient, bien entendu, de relativiser la vision univoque et hiérarchique de ce classement car la réalité des métropoles européennes est, de fait, multidimensionnelle.

Sources, bibliographie :

- Patricia Cicille et Céline Rozenblat (coord.) - Les villes européennes - Analyse comparative - Étude réalisée par l'UMR Espace 6012 de Montpellier, à la demande de la Datar. Consultable en ligne sur le site de la DATAR :
www.datar.gouv.fr/datar_site/datar_framedef.nsf/
webmaster/actu_Rayonnement_vf?opendocument

1 - Le classement proposé par l'étude : "Les villes européennes - Analyse comparative"

http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/typespace/urb1/images/ClassVillesEurop.jpg
- Les villes européennes - Analyse comparative - L'étude a été réalisée par l'UMR Espace 6012 de Montpellier (coordination : P. Cicille et C. Rozenblat - Maison de la Géographie), à la demande de la DATAR. Elle est consultable en ligne sur le site de la DATAR :
www.datar.gouv.fr/datar_site/datar_fram … endocument

2 - Hiérarchie des villes européennes dans le contexte de la globalisation contemporaine (GaWC inventory)

http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/typespace/urb1/images/GawcEurope.jpg

Cette classification découle des études du GaWC inventory (voir ci-dessus) - P.J. Taylor and M. Hoyler - The Spatial Order of European Cities under Conditions of Contemporary Globalization - - in Research Bulletin - Tijdschrift voor Economische en Sociale Geografie - 2000
www.lboro.ac.uk/gawc/rb/rb16.html

3 - Mesurer et comparer la qualité de la vie dans les grandes zones urbaines de l'U.E.

L'"Audit urbain" financé par la Commission européenne (Eurostat) qui a pour objet d’améliorer les informations comparatives concernant les zones urbaines. Il aboutit à un référentiel commun pour mesurer la qualité de la vie dans 58 villes européennes. Les documents sont téléchargeables en ligne.
http://europa.eu.int/comm/regional_poli … index.html

Pour compléter

Bibliographie, publications, ressources en ligne : une sélection

- Audit urbain - Vers un référentiel pour mesurer la qualité de la vie dans 58 villes européennes - Office des publications officielles des Communautés européennes (3 volumes) - 2000
http://europa.eu.int/comm/regional_poli … index.html
- Brunet, R. (dir) - Les villes "européennes" - Rapport pour la DATAR - Reclus / La Documentation française - 1989
- Beaverstock, J.V. ; Smith, R.G. ; Taylor, P.J. - A Roster of World Cities - Cities 16 - 1999
- Castells, M. - European Cities, the Informational Society, and the Global Economy - Tijdschrift voor Economische en Sociale Geografie 84 - 1993
- Cattan, N. ; Pumain, D. ; Rozenblat C. ; Saint-Julien Th. - Le système des villes européennes - Anthropos - 1999
- Goddard, J. - Information and Communication Technologies, Corporate Hierarchies and Urban Hierarchies in the New Europe. In : Cities in Competition. Productive and Sustainable Cities for the 21st Century - Longman, Australia - 1995
- Kunzmann, K.R. - "World City Regions in Europe : Structural Change and Future Challenges" - in Globalization and the World of Large Cities - United Nations University Press - 1998
- Moriconi-Ebrard, F. - Geopolis. Pour comparer les villes du monde - Anthropos - coll. "Villes" - 1994
- Parroquia D. (dir) - Penser les réseaux - Champ Vallon - 2001
- Poncet P. - Les Villes européennes, analyse comparative (la carte du mois, octobre 2003) et pages associées - EspacesTemps.net : http://espacestemps.revues.org/article. … rticle=131
- Shachar, A. - "European World Cities" - in : The Spatial Impact of Economic Changes in Europe - Aldershot - 1996
- Taylor, P.J. - "World Cities and Territorial States : The Rise and Fall of their Mutuality" - in World Cities in a World System - Cambridge University Press - 1995
- Taylor, P.J. - World Cities and Territorial States under Conditions of Contemporary Globalization - Political Geography - 2000
- Taylor, P.J. and Walker, D.R.F. - "World Cities: A First Multivariate Analysis of their Service Complexes" - in GaWC Research Bulletin, n° 13 - 1999
- Vandermotten, C. et alt - Villes d'Europe - Cartographie comparative - in Bulletin du Crédit commercial - Bruxelles - 1999. En ligne, les facteurs de réussite métropolitaine :
http://cobobru.cobonet.be/doc/rap/rapan … latifs.pdf

Adaptations, rédaction, mise en page : Sylviane Tabarly, pour Géoconfluences, juin 2003
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#14 30-10-2006 07:56:03

Megapolis
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Re: Le concept de mégalopole

JBCousin a écrit:

A savoir aussi que la Mégalopole Nord Est Américaine s'appelle Mégalopolis, il n'y aurait pas eu une confusion par hasard lors de l'écriture de ton pseudo Megapolis ?

Non mon speudonyme fait allusion à megapole,j'ai simplement oublié que les megalopoles existent aussi.Ca date d'il y a longtemp les cours ou ma prof de géographie prenait justement comme exemple cette fameuse megalopole du nord est des USA. A10 En l'occurence:
Washington,Baltimore,Philadelphie,New York et peut etre Boston.

Comme le dit MyNight,est ce que unité urbaine est égal à agglomération ou à aire urbaine?Car j'ai du mal avec le terme d'unité urbaine.Parceque l'aire urbaine de Londres fait 13 ou 14 M alors que sont agglomération n'en fait que 7,5 M.

Sur de nombreux sites dédiés au classement des principales conurbations urbaines mondiales ont peut remarquer des différences flagrantes en fonction des sources voir meme des chiffres folkloriques.A8
Par exemple sur tous les sites anglais sur lesquel je suis allé,tous classent l'agglo. de Londres devant celle de Paris avec 13 ou 14 millions pour la 1 ière et 10 millions pour la seconde hors tous le monde sait trés bien que l'agglo. de Londres ne fait pas plus que 8 millions et d'autres sources nottament nord-américaine classent Paris devant Londres.Pas étonnant que Paris et Londres soit d'éternel rivale quand on vois ce chauvinisme et cette mauvaise foi anglaise. A10

Existe t'il un organisme internationnal qui établi un classement des principales agglomérations mondiale?(qui prendrait les memes critères,paramètres de comptage pour tous les pays et qui serait neutre et objectif)

A défaut de connaitre cette organisme aujourd'hui,j'ai dans mes favoris une source USA qui me semble plutot fiable(ou tout du moins le plus fiable) d'après les recoupements que j'ai put faire à partir de différentes sources.
http://www.worldatlas.com/citypops.htm

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#15 22-06-2007 15:57:00

Stickyesman
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Re: Le concept de mégalopole

Le Moniteur 21-06-2007

Démographie : un terrien sur deux vit en ville

Selon une récente étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined), en 2007, le taux d'urbanisation dans le monde a franchi la barre de 50%. La taille des villes s'est accru de manière spectaculaire, particulièrement en Afrique et en Asie qui abriteront en 2030 la majorité des grandes cités du monde.

Dans son dernier numéro de "Population et sociétés", l'Ined rappelle qu'en 1900, il n'y avait, à l'échelle mondiale, qu'un urbain sur dix habitants de la planète, et en 1950, un peu moins de 3 sur 10.

[...]

La suite:
http://www.lemoniteur-expert.com/depech … mp;acces=0


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#16 23-06-2007 15:38:25

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Re: Le concept de mégalopole

MyNight a écrit:

Cependant, la nébuleuse urbaine hollandaise dite Randstad est un réseau urbain qui pourrait être assimilé à une mégapole de par sa densité sur une très vaste surface (6M d'habitants, voir ici : http://ww2.knag.nl/pagesuk/geography/fr … tekst.html )

Le minimum pour être mégapole c'est 8M d'hab et non 6M, Si c'était le cas, les états unis auraient une bonne dixaine de mégapoles à eux seuls !

Sinon je voudrai revenir sur le concept de mégalopole (puisque le titre su topic n'a pas changé  B1 )

Selon mon (ex-)prof de géo, L-A va être au centre de la seconde mégalopole états-unienne alors que N-Y possède déja la sienne .
-1 Etant donné les distances qui séparent les grandes métropoles californiennes, je suis assez etonné que l'on y prévoie une mégalopole.
-2 Etant donné les distances qui séparent les grandes métropoles de la cote EST je suis assez étonné que l'on parle de mégalopole alors que Hong Kong / Gouangzhou / Shenzen semblent être plus aptes à porter le "label" mégalopole ! (Et pourquoi pas une mégalopole Nice Marseille Montpellier Perpignan  A10 )

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#17 02-07-2007 01:12:09

Stickyesman
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Re: Le concept de mégalopole

Quand l'urbanisation est un soutien au développement
LE FIGARO Publié le 28 juin 2007

D'après l'ONU, un humain sur deux vit en ville. Bien accompagnée, cette tendance peut être une chance.

ADEGOKE TAYLOR a 32 ans et un diplôme d'ingénieur des Mines en poche. En quittant son village yoruba du nord-est du Nigeria pour s'installer à Lagos, cette ville tentaculaire du sud du pays, il « espérait faire carrière. » Manutentionnaire, vendeur de rue, ouvrier, il a exercé tous les métiers. Sauf le sien. À Lagos, il survit, en partageant une chambre modeste pour 7 dollars par mois. Et pourtant, il s'entête : son avenir est là. « La seule façon de s'en sortir, c'est de réussir », dit-il dans son témoignage recueilli par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), dans son rapport sur l'état de la population mondiale en 2007.
[...]

La suite:
http://www.lefigaro.fr/economie/2007062 … ement.html


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