Il est souvent dit que Paris est une ville-musée, sous-entendu qu'une balade dans Paris vaut une bonne machine à remonter le temps et que la ville, figée dans les siècles, peine à franchir le pas de la contemporanéité. Souvent, on compare Paris à Londres, à New York, à Shanghai ou à Berlin, et on considère que Paris n'ose guère se reconstruire sur elle-même et afficher, avec un rien d'arrogance, les signaux urbains de sa modernité.
Pour autant, beaucoup plus que Paris, c'est Rome qui semble véritablement montrer ce qu'est une ville-musée. Et ceci est bien paradoxal. En effet, plus qu'une simple capitale administrative, Rome a été des siècles durant la capitale de tout le monde connu. C'était, dans l'antiquité, le modèle de la ville-monde par excellence, on l'appelait d'ailleurs "Urbs" ou encore "Caput Mundi", "Capitale du Monde". De l'antiquité à nos jours, Rome montre toujours 3000 ans d'histoire urbaine ; dans peu d'autres villes on peut voir avec tant d'évidence les stratifications de la ville sur elle-même.
Ainsi, caractériser une véritable ville-musée semble se confondre avec la lecture des strates de la ville. Et nous allons voir que si cette acception caractérise Rome avec force, elle définit difficilement une ville comme Paris.
Rome depuis le Pincio, vue vers le sud-ouest