La Corée, le pays qui aime les grands ensembles ?
Première partie
Deuxième partie
Il n'est pas certain que la Corée aime les tanji. Cho Sehui raconte les drames personnels survenus lors de l'élimination des quartiers anciens dans La Petite Balle lancée par un nain, grand succès littéraire de la fin des années 1970. Surtout, comme on me l'a expliqué, les habitants n'ont pas réellement le choix : il n'y avait et il n'y a toujours pas d'alternative au système des tanji pour les classes moyennes.
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La rupture
(Suite de cet article)
Celui qui débarquerait à l'aéroport d'Incheon et rejoindrait en taxi Séoul ou n'importe quelle autre ville coréenne aurait du mal à reconnaître le pays évoqué dans les lignes qui précèdent. Utilisation du contexte dans l'architecture, gradation des espaces privés/publics, douceur des formes, choix des matériaux naturels : toute cette harmonie traditionnelle entre les constructions et la nature semble avoir, c'est le moins qu'on puisse dire, totalement disparu. Immeubles bas sans style, gratte-ciels en verre et surtout grands ensembles d'appartements tous identiques constituent de fait l'espace urbain de la Corée d'aujourd'hui, quelle que soit la ville, quel que soit l'environnement naturel.
Un paysage urbain contemporain (Suwon, près de Séoul) - © Thierry B.
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Au commencement, il y avait une interrogation : pourquoi la Corée aime-t-elle tant les grands ensembles ? Pourquoi, en plein Séoul, mais aussi dans les villes de banlieue et jusqu'aux provinces éloignées, retrouve-t-on les mêmes barres rectangulaires de dix à vingt étages ? Comment expliquer qu'une forme architecturale si décriée en France ait rencontré dans ce pays la faveur des classes moyennes et supérieures ?
On aurait pu se contenter, pour répondre à ces questions, d'ouvrir Séoul, ville géante, cités radieuses, lecture passionnante, ouvrage de référence consacré aux apatu tanji (grands ensembles coréens) par la géographe Valérie Gelézeau .
Toutefois un voyage en Corée, un séjour dans un de ces grands ensembles et des promenades à travers Séoul — mais aussi la visite des temples bouddhistes et du palais royal, l'expérience d'une nuit en maison traditionnelle (hanok), des balades jusqu'au bout de la Corée — m'ont obligé à regarder plus loin que les tanji. À considérer, avant l'apparition des grands ensembles, la grande tradition de l'architecture coréenne. À apercevoir, au-delà des barres et des tours, la courbe des montagnes et, en deçà, la surface des rizières. Il s'agit donc dès lors d'esquisser une présentation de l'espace coréen dans son ensemble, avec sa cohérence et ses ruptures, traces d'une Histoire qui va, dans ce pays, plus vite qu'ailleurs.
© Thierry B.
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