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La tour tertiaire pour un modèle urbain écologique ? L'exemple de J. Ferrier

Par MyNight (BF), le 30/09/2007 à 13:37

En plein Grenelle de l’environnement, il semble intéressant de faire un point rapide sur la question des formes urbaines par rapport à leur intégration environnementale. Autant l’on sait la haine entraînée par le bétonnage à outrance au sein de la population urbaine, autant l’on sait moins les dernières avancées concernant "l’architecture verte" ou dite 'HQE' (Haute Qualité Environnementale). Celle-ci ne se cantonne pas aux murs végétalisés qui sont si médiatiques, loin s’en faut…

Même des ONG comme WWF, qui ne sont pas réputées pour être les plus tendres, commencent à regarder les travaux d’architectes comme Jacques Ferrier – le concepteur du projet Hypergreen – d’un bon œil. Sommes-nous dès lors à un moment clef de prise de conscience et de changement des mentalités concernant l’environnement urbain ?

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© Jacques Ferrier



Deux arguments majeurs peuvent être retenus en faveur de projets comme Hypergreen.

Le premier réside dans la conception de l’objet en lui-même.
Désormais, une tour est conçue davantage comme un système que comme un objet. Orientée selon le trajet du soleil (ce qui n’est pas nouveau, on concevait déjà les immeubles d’habitat de masse selon ce dogme corbuséen), l’exposition à la lumière est optimale. Cependant, la tour n’est plus conçue comme passive, mais comme active. Tapissée de cellules photovoltaïques, elle récupère l’énergie du soleil par une façade dédiée à cette fonction – souvent côté sud. Au sommet, des éoliennes profitent des turbulences inévitables à cent ou deux cents mètres du sol, et des récupérateurs d’eau de pluie permettent de réduire la consommation d’eau (et de produits de nettoyage détartrants ! ) pour toute l'infrastructure.

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© Jacques Ferrier

La façade, en double peau, est équipée de ‘puits canadiens’ favorisant, selon un système passif d’énergie géothermique connu, un flux d’air devant la façade apte à réduire, les jours de chaleur, la température de 5°C à 8°C. La climatisation est donc naturelle.

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© Jacques Ferrier

Les matériaux employés dans la construction de ce type de tours sont recyclables et high-tech, il ne s’agit plus du bon vieux béton de nos grands-pères maçons.

Ainsi, non seulement une tour comme Hypergreen économise de l’énergie, mais de plus en produit. Son coût pour l’environnement est donc moindre. Il serait intéressant de comparer les coûts d’entretien et d’énergie pour 100 000m² de bureaux dans un édifice HQE comme celui-ci, par rapport à 100 000m² de bureaux au cœur du Quartier Central des Affaires de Paris (Opéra), dans ces bureaux cachés derrière les façades néoclassiques haussmanniennes.

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© Jacques Ferrier

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© Jacques Ferrier

Mais un second argument majeur en faveur d’un urbanisme vertical, ne peut être réfuté dans une optique environnementale.

Nous avons souvent parlé ici des problématiques d’étalement urbain et des conséquences que cela engendre non seulement pour le paysage et les couronnes rurales, mais aussi pour l’air – avec des transports individuels favorisés par une densité moindre – et les modes de traitement des déchets et des eaux usées, favorisant l’un la difficulté de concevoir des circuits optimaux et centralisés de retraitement, et l’autre notamment le ravinement des sols. La consommation d’espace, pour l’habitant, se traduit par la nécessité de prendre son véhicule pour atteindre les équipements de proximité – écoles, crèches, médecins, commerces, loisirs…

Les zones pavillonnaires ne sont d’ailleurs pas un modèle urbain intégré dans l’environnement, malgré l’image d’Epinal qui proclame le contraire, puisque dans cette optique de ‘sprawl’, les fonctions urbaines ne se mélangent pas, et la zone pavillonnaire implique des bassins de travail éloignés. La plupart des lotissements sont d’ailleurs conçus par des maîtres d’œuvre et non par des architectes-urbanistes, selon des plans rationnels ne prenant en compte ni les déclivités du terrain (circulation des eaux de ravinement), ni les spécificités du paysage.

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© Google Maps

Pire, ce type d’étalement favorise l’augmentation des prix du fonciers dans les centres-villes, qui n’ont jamais été aussi hauts, et contribue à ce que certains de nos hommes politiques appelaient la ‘fracture sociale’.

Dans une ville contemporaine, la mono-fonctionnalisation est un héritage des années d’après-guerre qui ont couru jusque au choc pétrolier, et ce modèle a montré ses limites sociales, économiques et environnementales.

Outre le fait que la tour Hypergreen de Ferrier – qui n'est pas la seule à prendre cette voie, loin s’en faut – est en elle-même un objet écologique, elle a le mérite de replacer le débat dans une macro-lecture.

Une tour tertiaire, par sa faible emprise au sol, concentre les activités, et peut être investie dans son socle par des équipements de proximité, tout en optimisant, par sa densité, les transports collectifs. Elle permet de rendre au tissu urbain la diversité de ses fonctions sur des espaces restreints, et jugule, en dernière analyse, l’étalement.

Elle limite la construction d’infrastructures lourdes comme les autoroutes, ainsi que l’utilisation des transports individuels très nocifs pour la qualité de l’air.

De plus, il est aisé de se rendre compte que les faibles emprises au sol permettent des aménagements verts soignés aux alentours, permettant aux riverains de respirer et de s’approprier les lieux sans phénomènes gênants d’ombre portée.

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© Jacques Ferrier

Jacques Ferrier dépasse encore cette vision d’un territoire urbain équilibré, en partant du constat que les tours ne sont occupées que les heures ouvrées, et qu’elles consomment de l’espace sinon. Il propose donc de concevoir les parties communes – restaurants, espaces de réunion... – de manière à ce qu’elles soient investies par le tissu associatif le soir ou les week-ends.

La tour devient donc non seulement une suture de l’espace urbain et de ses fonctions, mais aussi un lieu de suture sociale. Elle permet donc d’appréhender l’environnement dans son acception la plus large.

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© Jacques Ferrier

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